Coup d'oeil sur les scalaires
Genre Pterophyllum
Le genre ne comporte que trois espèces, appelées également Poissons-Anges d’eau douce, toutes originaires d’Amérique du Sud et l’espèce-type est Pterophyllum Scalare, les deux autres étant P. Altum et P. Leopoldi.
Ce sont des cichlidés au corps rond, fortement comprimé latéralement, dotés de nageoires dorsale et anale triangulaires très allongées. Le fond de coloration des poissons sauvages est argenté rayé de bandes noires. Ils possèdent de longues et fines pelviennes tactiles qui leur permettent de rester en contact avec leur environnement (thigmotaxie). La forme de leur corps leur permet de se dissimuler efficacement parmi les racines d’arbres et les plantes aquatiques.
Il n’y a pas de dimorphisme apparent entre le mâle et la femelle et la différence ne se verra qu’au moment de la reproduction quand leurs organes reproducteurs seront visibles. La femelle reste néanmoins un peu plus petite. Il existe d’autres signes qui peuvent donner un indice mais ils peuvent être difficiles à repérer.
Dans leur milieu naturel, les Pterophyllum vivent en bancs ou en groupes lâches. En aquarium, on constituera un groupe de 5 à 6 individus dans un bac d’au moins 1,20 m de façade et d’un volume minimal de 360L pour 5.
Si le volume et la longueur de façade sont importants, la hauteur l’est encore plus car les Pterophyllum sont plus hauts que longs. Pour un développement optimal des nageoires dorsale et anale, l’aquarium ne devra pas mesurer moins de 60 cm de haut.
Un aquarium trop petit peut engendrer :
- hyperactivité ; agressivité ou, à l’inverse, un désintérêt total, le poisson restant statique
- augmentation des maladies
En ce qui concerne l’arrêt de croissance, le poisson ne grandit plus mais ce n’est pas le cas de ses organes internes qui continuent de se développer. Il va sans dire que les poissons atteints ont une espérance de vie fortement raccourcie. Vous trouverez un retour d’expérience très parlant ici : retour d'expérience sur les scalaires
Alimentation
Dans la nature, les poissons-anges sont carnivores, piscivores, insectivores et vermivores (selon l’espèce). En aquarium, ils acceptent facilement les aliments secs (paillettes et granulés) ainsi que la nourriture vivante et/ou congelée. Pour éviter les carences, on veillera à varier l’alimentation.
Si les scalaires sont maintenus en bac communautaire, les autres poissons devront être introduits au moins 3 semaines avant eux et l’on veillera à ne pas mettre d’espèces de taille inférieure à 4 cm sous peine de les voir finir dans l’estomac des scalaires. La prédation sera moindre si les scalaires introduits jeunes grandissent avec les autres pensionnaires de l’aquarium.
Reproduction
Dans la nature, à la saison des pluies, l’augmentation du niveau de l’eau, la baisse de sa dureté et l’augmentation de déchets organiques dans l’eau provoque une explosion de nourritures potentielles (infusoires, micro-organismes, etc.), les couples s’isolent alors pour frayer puis réintègrent ensuite le groupe.
Contrairement à la croyance populaire, les scalaires ne s’unissent pas «à vie» et peuvent changer de partenaire.
Selon l’espèce, ils peuvent pondre sur de larges feuilles ou sur des racines. Le couple surveille et protège vigoureusement sa couvée, éliminant les œufs non fécondés ou moisis et brassant l’eau au-dessus d’eux pour les ventiler. Une fois les alevins éclos, les parents les surveillent de très près, ramenant ceux qui s’aventurent trop loin dans la zone de ponte.
En aquarium, il en va de même et il faudra, si vous souhaitez les faire reproduire :
- Soit avoir un grand bac permettant au couple de s’isoler et aux autres membres du groupe de garder confortablement ses distances
- Soit sortir le couple et le placer dans un bac à part spécialement prévu à cet effet le temps de la reproduction, puis le retirer et le remettre avec ses congénères
- Soit sortir le support de ponte et le placer dans un autre bac, bien aéré et bien filtré. Retour d’expérience de reproduction ici : retour d'expérience sur la reproduction des scalaires
Il peut arriver que deux femelles constituent un couple et donne une ponte caduque auquel cas, les œufs auront tous blanchis dans les 48 heures. Il est donc préférable d’examiner les organes reproducteurs des poissons au moment de la ponte afin de s’assurer qu’il s’agit bien d’un mâle et d’une femelle.
On entend souvent dire qu’après la constitution d’un couple, il faut se séparer des autres membres du groupe sous peine de voir le couple martyriser ou tuer les autres lors du frai. C’est une idée reçue. Si les scalaires peuvent en effet vivre en couple, ils restent grégaires en dehors des périodes de reproduction et ont besoin de la présence de leurs congénères. La maintenance d’un seul couple ne peut être qu’acceptable tout au plus.
Les scalaires sont des poissons de caractère mais finalement assez peu agressifs et si les tentatives d’intimidation et de petites joutes sont fréquentes en aquarium, les blessures restent rares et maintenir un groupe est préférable pour leur bien-être.
Pontes et alevins
En aquarium, les pontes sont relativement fréquentes mais les premières pontes seront rarement viables car elles vont servir de formation aux nouveaux parents car ils doivent apprendre :
- à défendre leur ponte
- à retirer les œufs non fécondés ou moisis
- à déplacer les œufs ailleurs s’ils les pensent en danger
- à remettre leurs alevins sur le support de ponte s’ils en tombent
- à déplacer leurs alevins ailleurs si nécessaire
Les scalaires peuvent être très prolifiques et pondre tous les mois, voire tous les 15 jours. Pour cela, ils vont choisir un support et le nettoyer soigneusement, en essayant parfois plusieurs, puis la femelle pond ses œufs et le mâle les féconde immédiatement. La ponte dure en moyenne 2 heures.
Ensuite, la femelle ventilera les œufs pendant que le mâle monte la garde mais les rôles peuvent parfois s’inverser. Vous pouvez laisser une veilleuse allumée afin que les parents puissent voir leurs œufs ou leurs alevins et ainsi mieux les protéger.
Les œufs sont translucides et éclosent en 48 heures. On peut parfois voir les parents les mâchouiller pour aider à l’éclosion. Une fois éclos, les alevins restent accrochés au support par un filament adhésif pendant 3 à 5 jours et peuvent être déplacés plusieurs fois par leurs parents. Donc, si vous ne les voyez plus, pas de panique, cherchez aux alentours et vous devriez les retrouver un peu plus loin.
Les alevins passent ensuite en nage libre, toujours sous la surveillance de leurs parents. Leur sac vitellin épuisé, ils devront être nourris avec des nauplies d’artémias dans un premier temps, puis seront progressivement habitués à d’autres nourritures au fur et à mesure de leur croissance. Ils commenceront à avoir la forme caractéristiques du scalaire à partir du 20ème jour.
Vous trouverez un protocole de reproduction et des conseils ici : protocole de reproduction
Trois espèces
Endémique du Nord de l’Amazone et notamment du Rio Salimoes, c’est un poisson d’eau noire ou tamisée. Pterophyllum Leopoldi possède une robe argentée striée de bandes noires qui est caractérisée par une tâche noire (spot) à la naissance de la nageoire dorsale. D’une longueur moyenne de 13 cm adulte, sa hauteur va de 18 à 22 cm.
C’est une espèce peu disponible dans le commerce aquariophile où l’on ne trouve quasiment que des spécimens sauvages particulièrement difficiles à acclimater et à maintenir en aquarium. Les mâles peuvent présenter des ocelles de la nageoire dorsale à la caudale en période de reproduction.
C’est un poisson calme et plutôt timide, assez peu agressif hors période de reproduction. Il se nourrit de petits poissons et d’insectes, il faudra donc être prudent lors du choix de la population pour un bac communautaire, D’une manière générale, c’est un poisson pour aquariophile averti et l’eau de son aquarium devra être irréprochable. Cette espèce est très sensible aux changements brutaux de paramètres et aux produits chimiques. Elle apprécie un aquarium richement planté qui atténuera son stress.
En aquarium, on peut le nourrir avec des aliments secs ou du vivant/congelé. Comme toujours, on offrira une alimentation variée pour éviter les carences.
Pterophyllum Altum
Il est le poisson national du Vénézuela et apparaît même sur certains billets de banque. On le rencontre dans le bassin de l’Orénoque et dans le bassin versant du haut Rio Negro.
C’est le plus grand représentant du genre avec une hauteur qui peut aller jusqu’à 50 cm pour une longueur de 15 à 18 cm. Des individus de 40 cm de haut ne sont pas rares en captivité mais nous avons déjà parlé de l’importance de la hauteur de l’aquarium.
Il est généralement argenté avec 3 bandes noires et des stries rouges sur les nageoires, les individus sauvages présentent une entaille aiguë au dessus des narines lui donnant l’air d’avoir le nez retroussé.
L’Altum est un poisson grégaire qui vit en banc de plusieurs dizaines d’individus dans la nature. C’est un poisson calme et paisible quand le banc n’est pas en chasse. Son patron de coloration lui permet de se dissimuler par mimétisme, dans la végétation dense des bords de rives ou dans la forêt inondée, pour chasser ou échapper aux prédateurs de pleine eau.
S’il se nourrit de petits poissons, d’insectes et de vers dans son milieu naturel, en aquarium, on lui offrira une alimentation variée pour éviter les carences (paillettes, granulés, vivant ou congelé).
Pour la reproduction, le couple d’Altum préférera une branche ou une racine qu’il nettoiera soigneusement. Si vous souhaitez conserver la ponte, ce sera le moment de placer le couple dans un bac de reproduction (120L minimum).
Les Pterophyllum Altum sauvages comptent parmi les poissons les plus difficiles à élever en captivité et leur acclimatation requiert la plus grande prudence pour éviter qu’ils ne développent faiblesses ou maladies. La meilleure solution consiste à placer les poissons dans un seau et de mettre en place un goutte-à-goutte rapide de l’aquarium vers le seau. Les poissons seront ensuite transférés dans l’aquarium à la main ou à l’aide d’une grande épuisette. Si vous achetez des poissons d’origine sauvage, leur nom peut être suivi du nom de l’endroit de leur capture comme sur l’image ci-dessus où les poissons proviennent du Rio Orinoco (Venezuela, Colombie).
Pterophyllum Scalare
L’espèce est largement répandue dans le bassin de l’Amazone et celui du Rio Negro. Chez les adultes sauvages, on retrouve le patron de coloration argenté et rayé de 4 bandes verticales noires ou brunes. Des stries rouges ou orangées ornent les nageoires, les juvéniles, quant à eux, arborent 7 bandes noires. Les adultes mesurent une quinzaine de centimètres pour une hauteur d’environ 20 cm.
Comme les autres Pterophyllum, il vit en groupes de dizaines d’individus à faible profondeur, voire juste sous la surface. Il est piscivore et insectivore et se dissimule dans la végétation dense pour chasser et échapper aux prédateurs vivant en eau libre. Les couples formés sont soudés le temps de la reproduction et préfèrent pondre sur la végétation.
Maintenance*
Poissons sauvages | |||||||
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Litrage min | pH | GH | Température | Courant | Robustesse | Elevage | |
Leopoldi | 300L pour 2 | 5 à 6,2 | < 4 | 25 à 28°C | Lent | Assez fragile | Difficile |
Altum | 600L pour 6 | 4,8 à 6,2 | 1 à 5 | 25 à 31°C | Lent | Assez fragile | Modéré |
Scalare | 300L pour 2 | 6 à 7,2 | 6 à 9 | 24 à 26°C | Faible/Moyen | Robuste | Modéré |
Poissons d'élevage | |||||||
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Litrage min | pH | GH | Température | Courant | Robustesse | Elevage | |
Leopoldi | 450L pour 6 | 5 à 6,5 | < 4 | 28 à 32°C | Lent | Assez fragile | Difficile |
Altum | 600L pour 6 | 5 à 6,5 | 1 à 5 | 26 à 31°C | Lent | Assez fragile | Modéré |
Scalare | 450L pour 6 | 5 à 7 | 1 à 8 | 24 à 30°C | Faible/Moyen | Robuste | Modéré |
*Ces informations ont été fournies par des aquariophiles amateurs maintenant ces espèces et ne sont, en aucun cas, des données scientifiques. Elles n’ont pas d’autre but que vous aidez à obtenir des paramètres adéquats pour vos scalaires.
Si j’ai gardé le Scalare pour la fin, ce n’est pas sans raison. Si les deux autres espèces n’ont subi que peu de modifications via l’élevage et la sélection, ce n’est pas le cas du Scalare. On ne compte plus le nombre de variétés disponibles dans le commerce.
Si certaines sont le simple résultat d’une sélection, certaines sont issues de l’hybridation voire de la modification génétique, comme la variété fluorescente Pink Diamond créée lors d’un projet commun entre l'Academia Sinica de Taïwan, la National Taïwan Ocean University et Jy Lin, une entreprise privée de biotechnologie.
Cette nouvelle variété a été présentée en 2012 lors d’une conférence de presse. Je n’ai pas réussi à connaître la finalité d’une telle modification génétique, peut-être a-t-elle un but louable comme l’économie d’électricité en Thaïlande, mais le résultat reste le même, le poisson est maintenant disponible dans le commerce aquariophile.
On retrouvera dans le commerce les modifications concernant les nageoires avec des formes «voiles» ou la forme du corps avec des nez pointus et toute une gamme de couleurs obtenues par croisements et sélections pour la plupart.
Les variétés
Scalaires, génétique et mutations
Les mutations sont nombreuses chez les scalaires mais la plupart n’impactent que très peu l’aspect physique du poisson qui reste globalement le même. Les plus courantes sont bien connues chez les scalaires et sont répertoriées et elles concernent essentiellement leurs couleurs et la forme voile des nageoires.
Le phénotype «sauvage» (s) de Pterophyllum Scalare possède une robe argentée avec 3 bandes verticales noires. En voici quelques unes :
- Albinos (a) : absence de mélanine
- Dark (D) : gène partiellement dominant :
- Hétérozygote : Black Lace (D*)
- Homozygote : Noir (DD)
- Gold marble (Gm) : Gène récessif, marbré avec du jaune
- Half-Black ou Fumé (h) : gène récessif, nageoires dorsale, caudale et anale noires.
- Marble (M) : gène partiellement dominant, différence entre homozygote et hétérozygote difficile à voir, normalement il y a plus de noir chez l’homozygote
- Gold (g) : Gène récessif, peut ne pas se voir même si le poisson est homozygote
- Pearl (p) : Gène récessif, reflets irisés sur le corps
- Smokey (Sm) : gène partiellement dominant :
- Hétérozygote : tâches sombres sur les nageoires et/ou l’arrière du corps
- Homozygote : chocolat
- Stripless (S) : gène partiellement dominant :
- Hétérozygote : ghost (plus de bandes sur le corps) mais peut en avoir sur les nageoires et avoir des points sur le corps
- Homozygote : Zone des branchies rouge
- Veil (V) : gène partiellement dominant :
- Hétérozygote : voile avec des nageoires plus longues que la normalement
- Homozygote : super voile et nageoires encore plus longues que celles de l’hétérozygote
- Zebra (Z) : gène dominant, proche du phénotype sauvage mais avec plus de bandes noires (5 à 6)
Vous trouverez différentes mutations en images ici : mutations scalaires
Quelques explications
Chaque gène comporte deux allèles (deux versions possibles du gène pour simplifier) et chacun de ces deux allèles peut être soit dominant, soit récessif. Un allèle dominant s’impose toujours alors que pour qu’un allèle récessif s’impose, il doit être transmis par les deux parents. Un poisson hétérozygote possédera deux allèles différents alors qu’un poisson homozygote en possédera deux identiques sur chaque chromosome.
Sachez néanmoins que plus un poisson porte de mutations plus il a de chance d’être stérile ou que les alevins qu’il produira risquent d’être peu nombreux, chétifs et/ou mal-formés. C’est inhérent à la production industrielle de poissons et pour laquelle les éleveurs utilisent des géniteurs homozygotes très sévèrement sélectionnés pour leur capacité à produire un maximum d’alevins possédant les caractéristiques recherchées. Les parents produisant une majorité d’alevins ayant des caractères récessifs sont éliminés au profit de ceux produisant des jeunes avec des caractères dominants.
Il est donc préférable, si vous envisagez de faire reproduire vos scalaires, de les acheter chez différents fournisseurs afin d’éviter de vous retrouver avec des poissons issus d’une même lignée.
Quand on parle de longueur du corps, c est du bout du nez au bout de la nageoire anale? Ou sans la nageoire?
Auriez-vous des conseils à nous donner pour un problème avec un de nos scalaire qui se fait très embêté par les deux autres ? Il semblerait que le noir pondent souvent des œufs, le blanc et jaune s’en occupe beaucoup, mais du coup l’autre blanc se fait castagner dès qu’il s’approche.
Nous l’avons mis deux de côté dans un pondoir mais j’ai l’impression qu’on arrive peut-être même un peu tard. Il est bien amoché.(voir photos)
Merci pour vos conseils.