A la découverte du lac Victoria
Appelé également Nyanza, Ukerewe ou Nalubaale, le lac Victoria est le plus grand lac d'Afrique avec une superficie de 68100 km². Il est placé à cheval sur la frontière entre l'Ouganda et la Tanzanie, une petite partie au nord-est appartenant au Kenya. Ses côtes sont très découpées, formant nombres de péninsules, caps, baies et presqu'îles. Il compte près de 3000 îles dont la plupart sont inhabitées.
Avec 320 km de long et 275 km de largeur, le lac a une profondeur moyenne de 40 m avec une profondeur maximum de 83 m.
Il trouve son origine dans le mouvement des 2 branches principales du Grand Rift Est-Africain ayant formé une cuvette. Alimentée par divers cours d'eau, cette dernière s'est remplie donnant naissance au lac.
On sait que depuis sa formation, le lac s'est asséché au moins trois fois, probablement lors des glaciations quand les pluies n'étaient plus suffisantes pour l'alimenter. Le dernier asséchement remonte à 17300 ans et son remplissage à 14700 ans, soit 2600 ans plus tard.
Le volume du lac est dû à 20 % aux divers cours d'eau qui s'y déversent, les 80 % restants étant fournis par les pluies, ce qui rend le lac très vulnérable aux changements climatiques. Depuis 2004, le niveau du lac est descendu de 2 mètres à cause du manque de pluie et de l'évaporation.
Les abords du lac sont très densément peuplés et la quasi totalité de sa périphérie est cultivée. Le lac sert de déversoir pour les industries, les entreprises de nettoyage de poissons, les égouts (des millions de litres!) mais aussi pour les habitants qui y jettent déchets et eaux usées.
La déforestation provoque elle aussi son lot de dégâts en permettant aux sédiments de s’écouler dans le lac ce qui engendre son eutrophisation (accumulation de nutriments). Cette dernière permet à son tour de favoriser certaines plantes au détriment d’autres, l’exemple le plus fragrant étant l’invasion des Jacinthes d’eau.
Autres menaces : la surpêche et l'introduction en 1954 de la Perche du Nil (Lates Niloticus) qui a entraîné la disparition de près de 200 espèces, à la suite de quoi ce féroce prédateur qui peut atteindre 2 m de long a été son tour victime de la pêche.
La flore
L'introduction de la Jacinthe d'eau (Eichornia Crassipes) dans les années 80, dans des conditions peu claires, a provoqué de graves dégâts, diminuant les nutriments et l'oxygène dans l'eau. Se multipliant très rapidement en épaisseur dense, elle couvre aujourd'hui 10 % de la superficie du lac, étouffant tout sur son passage et bloquant la circulation des bateaux.
Cette végétation se déplace au rythme des vents et une baie peut en être complètement envahie en un rien de temps. Certains pêcheurs partis le matin dans une eau vierge de jacinthes ne peuvent parfois pas rentrer tant l'eau est envahie et d'autres ne retrouveront jamais leurs filets, emportés avec la masse flottante.
Il faut parfois aller aider des pêcheurs dont l'embarcation est complètement bloquée dans les jacinthes. Ce fléau aux magnifiques fleurs est originaire d’Amérique du Sud et est aujourd’hui présent dans 20 pays africains.
Après avoir essayé diverses solutions pour s'en débarrasser, il s'avère qu'on ne peut que la contenir. Des bateaux munis de dragues les récoltent mais la méthode coûte cher. Les plantes récoltées servent comme fourrage pour le bétail et aussi à la fabrication de meuble dans certains pays comme la Birmanie par exemple.
Autre plante flottante : Pistia Stratiotes, bien connue des aquariophiles et déjà présente dans les Lacs Malawi et Tanganyika.. Malheureusement, la Pistia semble avoir presque totalement disparu supplantée par la Jacinthe d’eau.
Trois espèces de surface mais non flottantes celles-ci, Nymphaea Lotus, Nymphaea Caeruleus et Trapa Natans, appelée également Châtaigne d’eau ou Macre d’eau, occupent les zones peu profondes.
La Châtaigne d’eau présente des feuilles en losange, imbriquées les unes dans les autres et ressemble beaucoup à la Ludwigia Sedioides d’Amérique du Sud.
Elle peut couvrir de grandes surfaces et de présenter sous forme d'un tapis bicolore.
Elle est aussi remarquable par ses fruits qui semblent tout droit sortis d’un film de science-fiction. Ces derniers se forment sous les feuilles et peuvent présenter deux, trois ou quatre « cornes ».
En plantes purement aquatiques, on retrouve le Ceratophyllum Demersum en herbiers, ainsi que la Najas Horrida et des Potamogetons.
Dans les zones marécageuses et sur les berges, on trouve Leersia Hexandra, Dissotis Brazzae, des sphaignes et même une fougère, Cyclosus Interruptus Striatus.
Sur les berges, couvrant de grandes étendues, Cyperus Papyrus. Bien qu’ayant disparu des rives du Nil , il est encore présent dans de nombreux pays africains et quelques exemplaires, importés aux États-Unis dans un but de décoration, se sont échappés de leurs jardins et ont trouvé des zones propices à leur expansion.
Avec 3 à 5 mètres de hauteur, les Cyperus forment des massifs très denses, quasiment impénétrables. Ils se reproduisent de deux façons, avec des graines portées par le vent et l’eau et par l’émission de nouvelles tiges par leur rhizome. Les jeunes pousses et les racines sont comestibles et étaient autrefois consommées, les tiges servent entre autres à fabriquer des embarcations pour la pêche.
On trouve aussi, dans les zones marécageuses , Phragmites Australis (Roseau Commun), Typha Domingensis (Massette Australe) et Vossia Cuspidata (Herbe à Hippo),
La faune
Une telle végétation est forcément riche d’une faune très variée. Les insectes sont pléthores et nombre ont des stades larvaires aquatiques, offrant ainsi une nourriture abondante aux alevins et jeunes poissons, à leur tour mangés par les oiseaux. L’un d’eux est le Balaeniceps Rex (Bec-en-Sabot) que l’on trouve du côté ougandais. Ce gros héron au bec impressionnant se nourrit de grenouilles, serpents, insectes et… de Tilapias ! Largement dispersée, Egretta Ardesiaca (Aigrette ardoisée) chasse à faible profondeur en faisant de l’ombre avec ses ailes capturant ainsi petits poissons, crustacés, grenouilles et autres proies.
Coquillages, mollusques et crustacés
Dans le lac, on trouve beaucoup de vers, de bivalves et d’escargots . En voici quelques exemples.
Les crustacés sont représentés par un crabe, Potamonautus Niloticus et une crevette, Caridina Nilotica.
Avec l’introduction de la Perche du Nil qui a provoqué la disparition de nombre de cichlidés, les crevettes ayant moins de prédateurs se sont mises à proliférer bien qu’elles soient la base de l’alimentation des juvéniles de perches. Restant en profondeur la journée pour se prémunir des prédateurs, elles remontent la nuit se nourrir dans la colonne d’eau, probablement de phytoplancton. Elles sont également la base de l’alimentation des Oreochromis Niloticus (Tilapia du Nil) un autre poisson introduit dans le lac. Malgré une forte prédation, leurs populations restent élevées.
Non-cichlidés
Introduite en 1954 pour la pêche sportive, Lates Niloticus a décimé une grande partie des espèces de cichlidés, notamment celles de pleine eau. Avec une taille de près de 2 m et pouvant peser 200 kg, elle est maintenant pêchée pour sa chair et est la principale victime des usines de poissons implantées autour du lac.
Alors qu’en 1977, les prises de cichlidés représentaient encore 32 % du tonnage pêché et celles des perches du Nil 1 %, 6 ans plus tard les prises comportaient 68 % de perches du Nil pour 1 % de cichlidés.
Malgré les dégâts bien connus qu’elle a provoqué, la perche du Nil a quand même introduite dans le lac Nasser (formé à la suite de la création du barrage d’Assouan, en Égypte) où le même phénomène d’expansion se reproduit.
On trouve plusieurs espèces de poissons-chats comme Bagrus Docmak, Clarias Anguillaris et Clarias Gariepinnus.
Deux variétés de Schilbe avec Mystus et Intermedius, tout deux omnivores et prédateurs. Ils mangent de tout : poissons, insectes, œufs, plantes, mollusques et crevettes.
Une espèce de Masta est également présente avec Mastacembelus Frenatus qui est largement représentée en Afrique et affectionne les berges à végétation dense. Elle mesure environ de 25 à 40 cm. On la trouve dans le commerce aquariophile et l’on prévoira un minimum de 300L pour la maintenance d’un seul sujet.Elle se nourrit essentiellement d’insectes, de larves aquatiques, de crevettes et de petits poissons, sans oublier un peu de végétation.
Dans le lac, on trouve un killi : Micropanchax Loati (Killi du Nil), un non-annuel. Il vit dans les zones herbeuses des marais et ruisseaux et mesure environ 4 cm. En captivité, les œufs se développent et éclosent en 14 jours, ils se reproduisent vers 7-8 mois.
Nettement plus gros, Mormyrus Kannume qui peut mesurer jusqu’à 1,20 m, est un nocturne solitaire qui vit le long des côtes. Adulte, il se nourrit presque exclusivement d’insectes et principalement de chironomides qui ressemblent à des moucherons.
Un locataire des marécages, Pollimyrus Nigricans qui favorise les eaux boueuses et peu profondes autour des massifs de Cyperus et de Voccia. Il se reproduit toute l’année mais encore plus lors des pluies et se nourrit d’insectes
Les espèces de non-cichlidés sont nombreuses dans le lac Victoria et vouloir toutes les présenter est utopique, on s’arrêtera donc ici.
Cichlidés
N’ayons pas peur des mots, le terme Haplochromis, désignant une bonne partie des cichlidés du lac Victoria, me fait l’effet d’une appellation poubelle où l’on a fourré pas mal d’espèces en attendant de faire le tri. On ne sait plus vraiment quelle appellation est actuellement valide. J’ai donc choisi de mettre les plus souvent utilisées.
Astatotilapia Alluaudi est un habitant des marécages, omnivore, que l’on trouve dans les marais à papyrus. On le trouve dans tous les lacs satellites du Victoria (lac George, Lac Kyoga, Lac Edward, etc.) ainsi que les ruisseaux et rivières associés.
Bien qu’étant endémique du lac Kyoga et non du Victoria, Astatotilapia Latifasciata peut être ajouté à cette population dans un aquarium comme colocataire. C’est un poisson peu agressif et facile à trouver dans le commerce aquariophile.
De belles photos, ici, sur le site de Philippe Burnel.
A l’inverse, Astatotilapia Nubila est introuvable. Ce poisson de 9 à 11 cm vit dans les zones riches en végétation avec des branches, des dépôts organiques, le sol étant composé de rochers et de sable.
Coptodon Zillii évolue des les eaux courantes riches en végétation où il trouve nourriture et habitat. L’espèce est utilisée à des fins alimentaires et en aquariophilie mais aussi dans la lutte anti-insectes comme certains moustiques porteurs de maladies.
Enterochromis Paropius est aujourd’hui presque éteint, victime de la Perche du Nil, Ce petit poisson affectionne les baies abritées et boueuses où il broute les algues. Il est préférable de le maintenir en grand nombre, mâles et femelles étant peu agressifs, même en période de frai. On pourra sans peine l’associer à des espèces calmes et paisibles.
Avec une dizaine de centimètres, Haplochromis Riponianus est endémique du lac et est principalement insectivore. Il consomme également des bivalves et des escargots. On le trouve dans les zones littorales avec un substrat de sable ou de roches.
Haplochromis Thereuterion doit son nom à ses habitudes prédatrices. Il est piscivore et mesure de 7 à 8 cm. La couleur de base des mâles est gris-bleuâtre sur le dos et blanc argenté sur le ventre. En revanche, les mâles sexuellement actifs ont la tête et le corps noirs. Il figure sur la liste rouge de l’IUCN.
Originaire de Gabamela Island, dans le golfe de Mwanza, Harpagochromis sp Orange Rock Hunter mesure environ 20 cm et est piscivore. La couleur orange que l’on voit sur nombre de photos diffusées sur le net est en fait relativement rare en réalité.
Peu prolifique, une bonne couvée dépassant rarement les 25 œufs, Labrochromis Ishmaeli ne semble plus être présent que dans les aquariums et même là, il est fort rare. Il est inscrit sur la liste rouge de l’IUCN.
Appelé également Parvidens Rouge, ce carnivore de 15 cm semble lui aussi avoir disparu du lac Victoria mais est encore présent dans les lacs Kyoga et Nawampassa. Pédophage, Lipochromis Parvidens se nourrit d’œufs et d’alevins.
Pédophage également, Lipochromis Melanopterus a développé une technique de chasse peu ordinaire. Nageant lentement, il se rapproche de femelles en incubation et essaie de les attraper par la bouche pour aspirer œufs et alevins.
Lithochromis Rubripinnis est parfois trouvé sous l’ancienne appellation Haplochromis sp Pseudonigricans Bleu. Il vit dans les zones rocheuses et est omnivore. La nuit, il se nourrit de plancton. Il est très agressif avec ses congénères et on évitera de le maintenir avec des poissons ayant des nageoires bleues ou rouges.
Lithochromis Xanthopteryx vit dans les zones rocheuses à pentes très raides et est essentiellement carnivore. Également zooplanctophage, il se nourrit aussi d’algues bleues et vertes. On veillera à ne pas mélanger les souches car chaque île du lac Victoria où il est présent possède une morphologie de couleur différente, tant chez les mâles que chez les femelles.
Généralement bleu, Neochromis Omnicaeruleus peut présenter des patrons de coloration différents en captivité. Certains mâles peuvent être «OB» (orange-bleu, gris-bleu), ce qui les rend très attractifs en aquariophilie. Il vit dans les zones côtières rocheuses où il broute les algues. Il est occasionnellement insectophage.
Très agressif, le mâle Neochromis Rufocaudalis est bleu foncé avec des nageoires anale et caudale rouge vif. La dorsale est bleu métallique bordée d’un liséré rouge. Surnommé le Tropheus Victorien, il est herbivore et vit dans les zones rocheuses côtières peu profondes.
Oreochromis Niloticus est un poisson aujourd’hui élevé pour la consommation dans de nombreux pays. Il se nourrit principalement de périphyton, un mélange d’algues, de bactéries, de champignons et de microbes, autrement appelé Aufwuchs mais aussi de phytoplancton, de petits invertébrés, de détritus et du film produit par ceux-ci. Afin de favoriser la croissance de ce périphyton, les bassins d’élevage sont enrichis en fumier produits par les volailles (plus riche en nutriments).
Malheureusement, dans les petits élevages, les poissons sont déplacés d’un étang à l’autre et le Tilapia du Nil est en passe de devenir l’espèce la plus invasive du monde. Si les eaux sont assez chaudes pour lui, le Tilapia s’installe au détriment des espèces indigènes. Adulte, un mâle peut mesurer jusqu’à 60 cm contre 40 cm pour les femelles et à part cette différence de taille, le mâle présente un liséré noir en bordure des nageoires dorsale et caudale.
Autre particularité, le mâle peut produire un son ressemblant à deux petits coups de marteau pour appeler les femelles, en période de reproduction.
Pour en savoir plus sur le Tilapia du Nil, c’est ici : Site FAO.
Paralabidochromis Chilotes est largement distribué dans les zones rocheuses du lac et chaque localisation produit une coloration différente. La forme de Zue Island est la plus populaire. Il se nourrit de larves d’insectes en raclant les roches pour les déloger.
Paralabidochromis Chromogynos est un poisson facile à maintenir dont les mâles changent de couleur en s’adaptant à celle du substrat. Il possède du bleu sur sa nageoire dorsale et du rouge sur l’anale, cette dernière étant ornée de trois grosses ocelles jaunes caractéristiques.
Plus connu sous l’appellation «sp Rock Kribensis», Paralabidochromis Sauvagei vit sur les pentes rocheuses constituées de gros et petits rochers. Il est largement présent dans le lac. On le surnomme «Échiquier» en référence aux 5 à 7 barres verticales sur ses flancs. Les patrons de coloration sont très différents d’une localisation à l’autre.
Prognathochromis Perrieri semble aujourd’hui éteint et n’existe plus qu’en aquarium, il est inscrit sur la liste rouge de l’IUCN. On le trouvait auparavant du côté ougandais du lac.
Les mâles Pseudocrenilabrus Multicolor sont si pressants avec leurs femelles qu’il est parfois préférable d’isoler les femelles pour une quinzaine de jours le temps qu’elles puissent se refaire une santé après une gestation. Les mâles mesurent 8 cm contre 5 cm pour les femelles. Dans la nature, ils se nourrissent de vers, de crustacés, d’insectes, d’algues, de plantes et de petits poissons.
Appelé également «Couve-gueule», Pseudocrenilabrus Nicholsi est largement présent dans toute la moitié sud de l’Afrique, dans toutes les petites pièces d’eau peu profondes et densément plantées. Le mâle possède une robe bleu clair ponctuée de tâches rouges sur 4 lignes, la tête est jaune d’or et ses lèvres sont bleues. Les nageoires sont effilées et tachées de rouge. La nageoire dorsale présente un liséré noir, les pelviennes sont noires avec un liséré. Les mâles sont sexuellement très actifs et harcèlent continuellement les femelles.
Ptyochromis sp Hippo Point Salmon fréquente les fonds sablonneux peu profonds où il se nourrit d’escargots des espèces Bellamya et Melanoides. C’est un poisson timide qui ne déploie ses couleurs que lorsque son environnement le satisfait. On le maintiendra en groupe et il ne devra pas être dominé par des espèces plus territoriales
De belles photos, sont disponibles sur le site African Cichlid.
Facile à confondre avec Lithochromis Xanthopteryx, Pundamilia Igneopinnis possède une robe bleu foncé à noir et des nageoires orange vif. Il vit le long des rives escarpées dans les crevasses, entre de gros rochers. Le mâle se nourrit essentiellement de larves d’insectes et d’algues filamenteuses alors que les femelles et les jeunes mangent du zooplancton.
Changeant de couleur selon la localisation où on le trouve, Pundamilia Nyererei est largement répandu dans les zones rocheuses du lac. Très agressif, on ne comptera qu’un seul mâle par aquarium accompagné de plusieurs femelles pour éviter le harcèlement. C’est un poisson robuste qui se nourrit d’algues et de zooplancton. Le sol de son aquarium sera composé de roches et de sable et on pourra le maintenir avec Neochromis Rufocaudalis, Paralabidochromis Chromogynos et Chilotes.
Pyxichromis Orthostoma est un poisson du lac Nawampassa, c’est Pyxichromis Paraorthostoma qui est victorien mais malheureusement, les photos de ce poisson sont fort rares et le poisson lui-même encore plus.
On trouvait Xystichromis Phytophagus (Christmas Fulu) du côté ougandais du lac mais aujourd’hui, on le trouve plutôt au Kenya où les grandes étendues de papyrus du lac Kyanaboli lui ont permis d’échapper à l’appétit de la perche du Nil. De plus, l’eutrophisation du lac a nui à l’espèce en diminuant la transparence de l’eau, ne permettant plus les échanges visuels et la reconnaissance intraspécifique. De fait, ce poisson est grandement menacé par l’hybridation. Si les femelles sont plutôt ternes avec une robe vaguement jaune, les mâles déploient une véritable débauche de couleurs et sont très territoriaux. Ils vivent dans les zones sablonneuses peu profondes et près des berges dans les pieds des plantes aquatiques.Il est herbivore et algivore.
Lui aussi végétarien, Xystichromis Nuchisquamulatus est inscrit sur la liste rouge de l’IUCN. Cette espèce broute les algues épiphytes présentes sur les plantes. C’est un poisson calme et timide qui ne devra pas être dominé par une espèce plus territoriale, sinon le mâle ne dévoilera jamais ses magnifiques couleurs.i= Il sera possible de le faire cohabiter avec Paralabidochromis Chilotes «Zue Island» ou Astatoreochromis Alluaudi.
De belles photos sont disponibles sur le site Aquarium Webzine.
Yssichromis Piceatus n’a pas été vu dans le lac depuis 2005 et il semble que l’espèce soit éteinte hors des aquariums. Ce poisson se nourrit de zooplancton et affectionne les fonds boueux. En aquarium, il est moins regardant sur la nourriture et est facile à nourrir avec les aliments du commerce. Il est inscrit sur la liste rouge de l’IUCN.
Conclusion
Entre une démographie galopante, les dégâts provoqués par la Perche du Nil et les Jacinthes d’eau, la pollution et les changements climatiques, il semble que le lac Victoria a entamé une longue agonie.
On sait déjà que dans les années à venir, la température de la région du lac va augmenter de 1 à 5°C, accentuant de façon significative l’évaporation du lac. N’étant alimenté qu’à 20% par les cours d’eau qui s’y déversent, le manque de pluie accentuera encore le phénomène. On estime que d’ici 10 ans, le lac Victoria ne se déversera plus dans le Nil, alors qu’il en est le principal pourvoyeur.
Les conflits larvés pour l’utilisation de l’eau existants déjà entre pays comme l’Égypte et l’Éthiopie seront encore aggravés. D’ici une centaine d’années, les principaux ports de pêche du lac seront isolés et dans 400 ans, l’Ouganda et le Kenya n’y auront même plus accès.Outre la disparition de 700 espèces uniques de cichlidés dans le lac Victoria, 40 millions d’ougandais, de kényans et de tanzaniens dépendent de l’eau douce du lac pour l’irrigation des cultures et la pêche.
Pour en savoir plus sur le lac Victoria, à tous les niveaux, je vous invite à consulter le document suivant, très riche et très complet, sur le site IRD.
Merci !