Clin d'oeil sur... les fundulopanchax !
On ne peut parler des Fundulopanchax sans d’abord parler des killis dont le genre fait partie.
Les killies
On trouve des killis un peu partout dans les régions tropicales et tempérées, des Amériques à l’Asie, et il en existe environ 800 espèces et variétés. Les killis sont remarquables par leur faculté d’adaptation à leur environnement et par certaines capacités particulières :
- Se déplacer d’un endroit à l’autre en sautant
- Rester hors de l’eau quelques minutes, parfois même quelques heures
- Se passer de nourriture pendant de longues périodes
- Un mode de reproduction variable selon l’espèce : certaines ne connaissent pas l’assèchement de leur ruisseau alors que d’autres vivent dans des mares temporaires, leurs oeufs restant enfouis dans le sol jusqu’à la prochaine saison des pluies, plusieurs mois plus tard.
Pour la plupart, les killis sont des poissons peu exigeants sur leur maintenance, des bacs de 15 à 30 litres étant souvent suffisants pourvu que le courant soit faible et la lumière tamisée. Le chauffage étant même souvent facultatif, la température ambiante d’une pièce à 20-22°C étant suffisante.
Quelle que soit l’espèce de killi, une seule règle d’or : un bac parfaitement couvert ! Les killis sont d’une redoutable précision quand il s’agit de sauter et ils trouveront le moindre cm² qui ne sera pas fermé. Il est même conseillé d’ajouter un petit tampon de perlon aux passages des câbles et tuyaux afin de limiter encore les risques.
Les fundulopanchax en général
Les Fundulopanchax vivent sur la plaine côtière de l’Afrique de l’Ouest, de la Côte d’Ivoire à la Guinée Equatoriale mais on les trouve principalement au Cameroun et au Nigeria.
Ils possèdent un corps allongé et les mâles arborent une coloration extrêmement riche et des nageoires plus développées que celles des femelles dont la coloration est beaucoup plus sobre et bien souvent grise. Ils mesurent entre 4 et 15 cm et l’espèce-type est Fundulopanchax Gardneri Gardneri.
Bien que dans la nature, leur espace de vie ne comporte que peu ou pas de plantes, on plantera densément leur aquarium afin de permettre aux femelles d’échapper à l’agressivité du mâle. Gros mangeurs, les Fundulopanchax préfèrent le vivant et on pourra distribuer, avec parcimonie pour éviter la pollution, des vers de vase, des larves de moustiques, des artémias ou des vers grindal. On pourra également donner de l’alimentation sèche ou congelée pourvu que les poissons y aient été habitués dès leur plus âge. Comme toujours, il faudra varier l’alimentation pour éviter les carences.
Voici un petit tableau (non exhaustif) des principales espèces que l’on peut rencontrer en aquariophilie. Les données qui y sont fournies ont été obtenues en consultant les sites spécialisés mais également à partir des retours d’élevage d’aquariophiles passionnés.
Espèces | Origine | Litrage minimum (L) | Taille adulte (cm) | Température (°C) | Couple, trio ou harem | Annuel* | Difficulté |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Amieti | Cameroun | 20 | 6-7 | 20-26 | Trio | Semi-annuel | * |
Arnoldi | Nigéria | 15 | 5-5,5 | 21-28 | Trio | Annuel | *** |
Avichang | Guinée équatoriale | 20 | < 4 | 21-25 | Couple | Semi-annuel | * |
Cinnamomeus | Cameroun | 30 | 5-6 | 21-25 | Couple ou trio | Semi-annuel | * |
Deltaensis | Nigéria | 30 | 7-10 | 21-29 | Couple | Annuel | ** |
Kribianus (Fallax) | Cameroun, Nigéria | 20 | 9-12 | 20-25 | Couple | Semi-annuel | ** |
Filamentosus | Togo, Bénin, Nigéria | 15 | 5,5 | 21-25 | Trio | Annuel | ** |
Gardneri Gardneri | Nigéria | 20 | 6-7 | 20-25 | Trio | Semi-annuel | * |
Gardneri Clauseni | Cameroun, Nigéria | 20 | 8-10 | 21-23 | Trio | Non annuel | * |
Gardneri Lacustris | Cameroun | 20 | 6 | 20-25 | Trio | Non annuel | *** |
Gardneri Mamfensis | Cameroun, Nigéria | 20 | 6 | 20-27 | Trio | Semi-annuel | ** |
Gardneri Nigerianus | Nigéria | 20 | 7-8 | 22-26 | Trio | Semi-annuel | * |
Gresensi | Cameroun | 15 | 6 | 22-26 | Couple | Non annuel | ** |
Gularis | Nigéria, Bénin | 20 | 9-12 | 22-24 | Harem (1M/3F) | Annuel | ** |
Kamdemi | Cameroun | 20 | > 7 | 21-25 | Couple | Semi-annuel | *** |
Marmoratus | Cameroun | 15 | 5-6 | 21-25 | Couple ou trio | Non annuel | * |
Mirabilis Intermittens | Cameroun | 20 | 7 | 20-26 | Couple ou trio | Non annuel | *** |
Mirabilis Mirabilis | Cameroun | 20 | 7 | 20-26 | Couple | Semi-annuel | ** |
Mirabilis Moensis | Cameroun | 20 | 6-7 | 20-25 | Trio | Non annuel | * |
Mirabilis Traudeae | Cameroun | 15 | 6 | 20-25 | Couple | Non annuel | * |
Ndianus | Cameroun, Nigéria | 15 | 7 | 21-24 | Couple | Semi-annuel | **** |
Oeseri | Guinée équatoriale | 20 | 6-8 | 22-26 | Couple | Semi-annuel | ** |
Puerzli | Cameroun | 15 | 6-8 | 20-25 | Couple | Semi-annuel | ** |
Robertsoni | Cameroun | ? | 6 ? | 21-24 | ? | ? | **** |
Rubrolabialis | Cameroun | 20 | 6 | 21-24 | Trio | Annuel | *** |
Scheeli | Nigéria | 15 | 5-7 | 21-25 | Trio | Non annuel | * |
Sjoestedti | Cameroun, Nigéria | 30 | 10-12 (15) | 20-24 | Coupe, trio ou harem | Semi-annuel | ** |
Spoorenbergi | Cameroun, Nigéria | 20 | 6-8 | 20-26 | Couple ou trio | Semi-annuel | * |
Walkeri | Côte d'Ivoire, Ghana | 20 | 6 | 19-25 | Trio | Semi-annuel | * |
* Cette colonne précise le mode d'incubation des pontes (annuel = à sec dans de la tourbe humide pendant une plus ou moins longue période, semi-annuel = à sec ou dans l'eau, Non-annuel = dans l'eau. La colonne « Difficulté » concerne la reproduction.
Faisons maintenant les présentations !
F. Amieti fait partie des plus menacés par la déforestation en vue de la culture des palmiers à huile mais également par la construction d’un barrage, stoppée avant-guerre et qui n’a pas encore repris. F. Amieti n’est présent que sur 5 localités et est menacé de disparition à l’état sauvage. Il pond sur tourbe, sur le bas d’un mop ou directement au sol. Les oeufs laissés dans l’eau écloront entre 4 et 7 semaines, ceux mis à sec sur tourbe humide devront attendre 8 semaines voire plus, les alevins écloront le jour même de la mise à l’eau.
F. Arnoldi est un pondeur saisonnier et les oeufs devront incuber sur tourbe pendant 6 à 10 semaines. Cette espèce sera maintenue, de préférence, en bac spécifique avec un sol foncé et densément planté.
F. Avichang est un poisson craintif, difficile à maintenir et on ne réunira mâle et femelle que quand cette dernière sera prête à pondre. L’incubation sur tourbe se fera à l’abri de la lumière et sera de 1 à 6 mois selon la température. Compte-tenu de sa petite taille, on peut maintenir jusqu’à 5 couples dans un aquarium de 20L.
F. Cinamomeus est un poisson calme et sociable et l’on pourra maintenir plusieurs mâles à condition que le bac soit densément planté. En revanche, c’est un gros mangeur qui n’accepte que du vivant. Il est facile de le reconnaître grâce à sa caudale « fermée » : la bande jaune fait tout le tour de la caudale. Pour la reproduction, il est préférable de séparer les futurs parents pendant 3 ou 4 jours et de très bien les nourrir. Les oeufs éclosent en 30 jours.
F. Deltaensis est un annuel dont les oeufs devront incuber sur une période de 2-3 mois, mais qui peut aller jusqu’à 6 mois. Les mâles de cette espèce sont plutôt brutaux et, pour la reproduction, il est préférable de mettre 2 ou 3 femelles supplémentaires pour éviter le harcèlement. Il est rare qu’il accepte des aliments lyophilisés et on les nourrira avec du vivant ou du congelé.
F. Fallax (appellation allemande) ou F. Kribianus (appellation française) est un pondeur de fond et il faudra aspirer le fond du bac pour récupérer les oeufs. Les poissons sont de gros mangeurs et doivent être bien nourris pour une ponte abondante. Il semble qu’une chaleur excessive nuise également à la quantité d’oeufs produits. Les oeufs peuvent incuber sous l’eau ou à sec (2 à 3 mois). Ce sont des poissons paisibles et non agressifs.
F. Filamentosus n’est pas un poisson facile à reproduire. Les alevins étant particulièrement petits. Pour réussir à les garder, le bac devra être riche en infusoires sinon la perte sera grande. Au bout de 15 à 21 jours, on peut leur commencer à leur donner des microvers et des nauplies d’artémias. Le sex ratio des alevins est en général de 5 femelles pour 1 mâle.
F. Gardneri Clauseni est un pondeur de fond et on peut soit laisser les oeufs incuber dans le bac, soit les récupérer pour les incuber à sec (3 semaines). Dans une même couvée, il peut y avoir des mâles à phase bleue et des mâles à phase jaune. Les alevins seront nourris de paramécies puis de nauplies. Les adultes acceptent la nourriture sèche assez facilement.
F. Gardneri Gardneri est un poisson qui préfère une eau vieillie et n’apprécie pas plus que ça les changements d’eau. Il pond sur mop et se reproduit très facilement. Les parents pondent une dizaine d’oeufs tous les jours dans les plantes et la durée d’incubation dans l’eau est de 3 semaines à 1 mois. S’ils sont assez nourris, ils ne toucheront pas à leur progéniture pourvu que le bac soit densément planté. Faire incuber les oeufs à sec permet d’avoir des naissances simultanées et il est plus facile de gérer les jeunes. Les Gardneri sont de gros mangeurs et mangent de tout y compris les algues, il est même conseillé de ne pas décourager les filamenteuses. Dans leur milieu naturel, la région où on les trouve ne fait que 5000 km2, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la destruction de leur habitat et en fait un des killis les plus menacés.
F. Gardneri Lacustris est un pondeur sur mop et ses oeufs ont un diamètre de plus d’un millimètre. Il sera préférable de les retirer afin de faire éclore les alevins tous en même en temps et éviter le cannibalisme des premiers-nés envers les plus jeunes, les naissances étant échelonnées, en fonction de la température, quand les petits naissent naturellement dans le bac. Les Lacustris possèdent 2 formes : une bleue et une verte qui semble plus difficile à maintenir et à reproduire. L’espèce accepte les nourritures sèches et le congelé.
F. Gardneri Mamfensis est un pondeur de fond et il est préférable de faire incuber ses oeufs sur tourbe humide (4 semaines). On sait peu de choses sur ce poisson qui figure sur la liste rouge des espèces menacées de l’IUCN depuis 2010.
F. Gardneri Nigerianus est un poisson qu’on trouve dans un secteur qui couvre environ 20000 km² mais qui est aujourd’hui menacé par la déforestation pour la culture des palmiers à huile et l’agriculture. Il est considéré comme « quasi-menacé » par l’IUCN. Ses oeufs peuvent incuber dans l’eau (3 semaines) ou sur tourbe humide (1 mois). C’est un poisson facile qui accepte toutes les nourritures et particulièrement les insectes. On le maintiendra en bac spécifique compte-tenu de son côté asocial.
F. Gresensi se nomme ainsi depuis 2005 et était appelé auparavant F. Mirabilis Mirabilis Takwaï. Les pontes peuvent incuber dans le bac mais les survivants seront rares. Il est préférable de retirer les oeufs et de les faire incuber soit en eau (3 semaines) soit sur tourbe humide (1 mois). C’est un poisson mal connu que l’on ne trouve que dans de rares localités et principalement au Cameroun dans la localité de Takwaï.
F. Gularis a été un moment commercialisé sous le nom de F. Beauforti. Ce grand poisson (jusqu’à 12 cm) se montre agressif et sera maintenu en bac spécifique. A noter également qu’il est extrêmement sensible aux maladies (ichtyophtiriose et hydropisie) et intolérant aux traitements ce qui provoque régulièrement des rechutes, voire la mort. Il se nourrit uniquement de vivant.
F. Kamdemi ne présente aucun problème pour sa maintenance, la reproduction en revanche est une autre affaire car il est peu prolifique. Ses gros oeufs seront récupérés sur le sol et incubés sur tourbe humide pendant 4 à 6 semaines. C’est un poisson qui n’est pas timide et n’hésite pas à s’approcher de son éleveur pour réclamer de la nourriture (vivante ou congelée).
F. Marmoratus présente un patron de coloration unique allant du marron foncé au rouge foncé quand il est excité, allant parfois jusqu’au noir lors des reproductions. On ne connaît qu’un seul lieu de capture : la localité de Mbonge. Les nombreux oeufs peuvent incuber dans l’eau (18 jours à 21°C) et on peut laisser les alevins avec leurs parents si ces derniers sont correctement nourris. C’est un poisson que l’on peut conseiller à un débutant.
F. Mirabilis Intermittens§ est un poisson prolifique et comme F. Marmoratus, on pourra laisser les alevins avec leurs parents. Les alevins grandissent plus vite que lorsqu’ils sont élevés à part. L’incubation en eau prendra de 3 semaines à 1 mois selon la température de l’eau et 4 semaines à sec sur tourbe humide. On note toutefois un déséquilibre fréquent de la sex-ratio en faveur des femelles. Ces dernières présentent, comme le mâle, de longues lignes de points rouges sur le corps.
F. Mirabilis Mirabilis se montrera plus timide s’il est maintenu en couple dans un petit bac. Il est beaucoup plus téméraire dans un bac plus grand contenant plusieurs couples et laissera plus facilement admirer ses magnifiques couleurs, majoritairement pourpre avec du bleu et du vert.
F. Mirabilis Moensis est à la portée d’un débutant mais difficile à trouver. On le maintiendra en trio et comme tous les semi-annuels, on pourra faire incuber les oeufs en eau (celle de l’aquarium des parents) ou à sec sur tourbe humide (4 à 5 semaines). Il accepte le vivant et le congelé.
F. Mirabilis Traudeae n’est pas un poisson facile et il est peu prolifique. Les oeufs seront récupérés sur les mops (de fond et flottants) ou sur le sol par siphonnage. On les fera incuber sur tourbe humide car les naissances naturelles sont inexistantes, les parents faisant certainement le plein de protéines. Néanmoins, même à sec, les alevins sont rares et l’échec total fréquent. Ceci explique peut-être sa rareté en aquariophilie.
F. Ndianus est un poisson timide et discret que l’on maintiendra dans un bac spécifique très planté. L’eau ne devra jamais dépasser 24°C et un pH de 7 maximum. On ne laissera pas les alevins éclore dans le bac car ils ne survivraient pas à l’appétit de leurs parents. Comptez 20 à 30 jours pour une incubation en eau (à part) et de 30 à 45 jours à 25°C sur tourbe humide.
F. Oeseri est un poisson endémique à l’île de Bioko en Guinée Equatoriale où il semble que l’espèce soit éteinte. Il est donc particulièrement important de maintenir des souches pures et l’on prendra un soin tout particulier concernant l’eau des alevins qui doit être irréprochable. Dans ce but, on fera incuber les oeufs à part des parents, en eau (3 semaines) ou sur tourbe humide (6 à 8 semaines). Les alevins ont une croissance lente et acceptent les microvers et les nauplies d’artémias dès leur naissance. Particulièrement bon sauteur, on redoublera de prudence quant aux risques de sauts mortels.
F. Puerzli est un poisson actif et peu farouche, nageant facilement en pleine eau. Il n’y a aucune agressivité intraspécifique même entre sujets de taille différente. C’est un gros mangeur qui préfère le vivant ou le congelé mais accepte les aliments secs s’il y a été habitué petit. Il vit naturellement dans les zones sans courant comme des bras d’eau morts, on préférera donc une filtration douce sur exhausteur. C’est également un pondeur prolifique et on récupérera les oeufs sur le fond par siphonnage. Pour leur conservation, on les placera sur tourbe humide pendant 2 mois environ à 21°C.
F. Robertsoni est connu dans une seule région type : une dépression marécageuse sans sortie sur sol volcanique dans l’Ouest du Cameroun. Autrement dit, il est plus que menacé par tout changement dans son aire d’origine et est d’ailleurs sur la liste rouge de l’IUCN depuis 2010. Mal connu, on ne possède que peu d’informations à son sujet.
F. Rubrolabialis est un poisson rare en aquariophilie bien que sa maintenance ne cause aucun souci, pourvu que la température du bac ne descende pas en dessous de 23°C, et il est même possible de le maintenir en bac communautaire avec de petits poissons. Sa reproduction est une autre paire de manches car son espérance de vie est très courte et n’excède pas 18 mois. Les oeufs sont minuscules et seront pondus sur de la tourbe placée au fond du bac. Pour l’incubation, on récupèrera la tourbe une fois par mois et on la laissera s’assécher puis elle sera placée dans une poche (utilisée pour le transport des poissons) selon le ratio suivant : 2/3 de tourbe, 1/3 d’air. Le temps d’incubation est très variable et l’on comptera minimum 3 mois avant la remise en eau. Il semble, selon l’expérience de killiphiles, que des mises en eau suivies d’assèchement donnent de meilleurs résultats. Toutefois, les naissances restent faibles et irrégulières. Les alevins grandissent vite, sont sexables vers 2 mois et commencent à pondre à 3 mois.
F. Scheeli est un poisson très sociable, même lors des reproductions. Appelé autrefois, par erreur, Burundi Aphyosemion, le patron de coloration est quasi identique sur le mâle et la femelle mais de façon plus terne pour la femelle. Il pond sur mop et les alevins grandissent très lentement le premier mois, s’ensuit une période de croissance très rapide jusqu’à 2,5 cm suivie d’un arrêt de croissance d’un mois, la taille adulte arrive ensuite très vite. La sex-ratio est généralement déséquilibrée en faveur des mâles (env. 70 %). C’est un poisson qui fera la joie d’un débutant.
F. Sjoestedti§ est l’un des plus grands killis avec des mâles pouvant atteindre 15 cm. Malgré sa grande taille, c’est un poisson calme et peu agressif que l’on maintiendra dans au moins 40L. Pour la reproduction, en revanche, un bac de 5L à 23°C peut suffire car les parents n’y séjourneront qu’une semaine. C’est un pondeur sur tourbe prolifique et une ponte d’une centaine d’oeufs est normale. Les oeufs sont assez gros (1.2 mm) et peu adhésifs. Comme chez tous les semi-annuels, les oeufs peuvent incuber dans l’eau ou sur tourbe humide. Dans le premier cas, les oeufs seront fréquemment vérifiés afin de retirer les oeufs blancs. La sex-ratio est très fréquemment déséquilibrée en faveur des mâles (90 %). C’est un poisson que l’on peut conseiller à un débutant et si sa longévité est d’environ 1 an dans la nature, il peut vivre jusqu’à 3 ans en captivité.
F. Sjoestedti Funge, F. Sjoestedti Loe, F. Sjoestedti Niger Delta étant tous des Sjoestedti, seules leurs couleurs diffèrent. On les maintiendra et on les reproduira comme les F. Sjoestedti. Seule la variété Loe semble présenter quelques difficultés quant à sa reproduction.
F. Spoorenbergi est un poisson social et peu agressif que l’on peut maintenir en groupe. Les explications entre mâles s’arrêtent à l’intimidation et font ressortir leurs magnifiques couleurs. Il peut pondre un peu partout : sur les plantes, sur des mops ou même au sol. Les oeufs sont assez petits et éclosent au bout de trois semaines. Il est possible de stocker les oeufs sur tourbe humide au moins 4 semaines, parfois jusqu’à 6 mois ! Attention : excellent sauteur, gare aux sauts mortels !
F. Walkeri est un bon locataire et colocataire qui peut être maintenu en groupe ou en bac communautaire avec d’autres killis de taille équivalente à la sienne. Il pond principalement au sol et sur toute la longueur d’un mop. Les oeufs incubent dans l’eau et éclosent en 4 ou 5 semaines ou ils peuvent être conservés en tourbe humide 2 mois. Les alevins seront nourris aux microvers et nauplies d’artémias. Ce poisson n’hésite pas à se montrer et peut être maintenu par un killiphile débutant.
Quelques précisions
Il est malaisé de transmettre un protocole pour l’incubation des oeufs tant chaque espèce à ses particularités. Il conviendra donc de bien se renseigner en détails sur la façon de faire et la durée d’incubation des oeufs pour l’espèce que l’on souhaite reproduire.
Si cela ne pose pas de problème avec les non annuels et les semi-annuels qui peuvent incuber dans l’eau directement, il n’en va pas de même avec les annuels dont les oeufs doivent être mis « à sec » pendant une période plus ou moins longue pour pouvoir les faire éclore.
Non annuels et semi-annuels
Voici une méthode assez courante pour l’éclosion des oeufs en eau (hors bac des parents) :
- Récupérez les oeufs sur le support de ponte (tourbe, mop, mousse), les oeufs de killis sont généralement assez gros et ne craignent pas d’être manipulés avec les doigts.
- Placez ensuite les oeufs dans de petits récipients (tupperwares) remplis avec l’eau de l’aquarium, les couvrir pour éviter l’évaporation et placez les dans un endroit peu éclairé. Vous pouvez y ajouter un peu de mousses et un petit escargot qui mangera les oeufs non fécondés. N’oubliez pas non plus de noter le nom de l’espèce et la date sur la boîte.
- Surveillez le développement des oeufs régulièrement et retirez ceux qui blanchissent ou moisissent.
- Les oeufs éclosent spontanément à la fin de la période d’incubation.
Voici une astuce, trouvée en naviguant :
« Si vous constatez que vos alevins ont quelques difficultés à éclore (pas complètement sorti de sa coquille ou date d’éclosion tardive) mettez les oeufs dans une petite boîte (genre boîte pour les pellicules photos par exemple) avec de l’eau et promenez-vous quelques heures avec le récipient dans votre poche de pantalon. Je peux vous assurer que les retardataires auront tous pointés le bout de leur nez très rapidement ... et en pleine forme ! »
Et une autre :
« Introduisez des microvers dans le récipient contenant les oeufs… L’appétit des alevins fera le reste »
Annuels
Pour la plupart des annuels, le support de ponte est généralement la tourbe.
- Siphonnez la tourbe toutes les 2 à 6 semaines ou récupérez-la avec une épuisette à mailles fines.
- Pressez-la fortement entre vos mains (ou pressez l’épuisette), puis émiettez-la dans une boite plate pour vérifier la présence d’oeufs.
- Placez ensuite la tourbe dans un sachet qu’on laissera ouvert pour que la tourbe s’assèche selon le degré nécessaire demandé par l’espèce. Vous pouvez aussi étaler la tourbe sur du papier journal et la laisser 24 heures, la placer en sac ensuite le temps nécessaire à l’incubation.
- Patientez ! Et parfois très longtemps, jusqu’à 9 mois !
Certains oeufs peuvent faire une ou plusieurs diapauses puis reprendre leur croissance plus tard. La diapause est un ralentissement des fonctions métaboliques qui peut être génétique (hibernation, par ex.) ou induite par un phénomène extérieur (température, par ex.)
Certains killiphiles disent que le moment est venu de mettre les oeufs à l’eau quand on peut nettement voir l’oeil et l’iris de l’alevin dans son oeuf !
Protégeons-les !
Vous aurez bien compris, en lisant cet article, que nombre d’espèces de Fundulopanchax sont très menacées dans la nature. Si vous vous lancez dans la reproduction, veillez à ce que vos souches soient les plus pures possibles et que les souches des parents soient de même origine. Le nom de la souche peut vous indiquer son origine exacte et il convient de conserver son nom complet. Ce dernier indique l’espèce, le nom de la zone de pêche, les initiales du ou des noms de ceux qui l’ont péché et même l’année et le numéro du point de collecte. En voici un exemple :
Aphyosemion Loennbergi "Makondo" CCP 82/7 = Aphyosemion Loennbergi, péché en 1982 au point de collecte n°7 de Makondo, par Cameroon, Chauche et Poliak. Ce poisson ne devra être accouplé qu’avec un membre de même origine dans le but de protéger et de préserver cette souche. Voilà pour la traçabilité des souches !