Comment se reproduisent nos poissons ?
Chez les poissons, on distingue deux formes de reproduction : les ovipares et les vivipares (et ovovivipares) d’autre part. Mais qu'est-ce que cela signifie ?
Les vivipares et ovovivipares
Un poisson « vivipare » donne naissance directement à des alevins parfaitement constitués. Les femelles vont conserver les embryons dans leur abdomen afin de les protéger.
Ces poissons ont besoin de s’accoupler et de pratiquer une fertilisation interne pour se reproduire. Les mâles vont posséder une nageoire anale transformée soit en une sorte de tube, le « gonopode », soit en une sorte de cuillère, « l’andropode » pour transférer le sperme à la femelle.
Mais attention, on distingue les « vivipares vrais » des « ovovivipares ». Chez les « vivipares vrais », il existe une structure d’échanges respiratoires et nutritifs entre l’embryon et sa mère qui joue le rôle de notre placenta (trophotaeniae). L’embryon croît grâce aux apports permanents de nutriments de sa mère comme chez les Ameca Splendens et les Xenotoca Eiseni, de la famille des Goodeidés. Chez ces deux variétés, le mâle possède un gonopode. Ces deux variétés ne sont pas ovovivipares (cas rare).
Chez les ovovivipares, cette structure d’échanges est absente et l’embryon se développe uniquement grâce aux réserves de l’œuf dans lequel il est enfermé. L’œuf est simplement protégé dans l’abdomen de la femelle. Cette particularité est typique de la famille des Poecilliidés qui comprend le Guppy, les Molly et Velifera, les Platy et Xipho.
Les poissons vivipares dont nous parlons regroupent donc à la fois les « vivipares vrais » et les « ovovivipares ». L’intervalle entre deux pontes est en moyenne de 3 à 5 semaines, selon l’espèce et la température. On maintiendra les poissons à raison d’un mâle pour 3 ou 4 femelles. Il n’y a pas de couple.
A noter que certaines femelles peuvent stocker le sperme des mâles et générer ensuite des pontes en l’absence de mâle dans l’aquarium.
Les ovipares
Ce sont des poissons qui pondent et fécondent leurs œufs en pleine eau, souvent au sein de plantes, ou dans des cachettes. Chaque espèce a donc ses préférences concernant l’endroit où elle déposera ses œufs. La parade nuptiale est aussi spécifique de chaque espèce et correspond le plus souvent à un changement de livrée chez les mâles.
La femelle pond les œufs et le mâle les féconde immédiatement. Les pontes peuvent se succéder toutes les semaines quand il n’y a pas d’élevage de petits. Les alevins sont plus petits et seront nourris une fois leurs réserves vitellines épuisées c'est-à -dire à la nage libre.
Il existe différents types d’ovipares.
Les pondeurs en eau libre : (Characidés, Cyprinidés…) qui pondent en pleine eau et dans les touffes de plantes et abandonnent des œufs par centaines. Il n’y a pas de soin aux œufs qui peuvent servir de repas aux adultes, y compris leurs propres parents. A noter que certains œufs (Characidés) sont lucifuges et ont donc besoin d’obscurité pour se développer. Il convient donc de bien connaître l’espèce que l’on souhaite reproduire.
Pour ces pondeurs en eau libre, on préparera un bac de reproduction possédant un fond grillagé, afin que les œufs puissent passer à travers les mailles et ainsi échapper à l’appétit de leurs géniteurs.
Les poissons pondent à plusieurs avec un ratio mâle/femelle qui varie selon l’espèce, il n’y a pas de couple.
Dans cette catégorie de pondeurs, on peut rajouter ceux qui collent leurs œufs (vitre, plantes) en les abandonnant toujours. (Corydoras). Copella Arnoldi (Characin Arroseur), quant à lui, joue les acrobates et colle ses œufs hors de l’eau...
Les pondeurs sur substrat découvert : (Cichlidés) : Ici, le couple pond sur une pierre, racine, plante, le sable ou autre (vitre, filtre, chauffage…). Les parents surveillent les œufs et les alevins qui naissent au bout de quelques jours. Les parents protègent le territoire et la descendance contre tout intrus et déplacent les alevins (souvent à l’éclosion) puis les promènent dans l’aquarium durant la nage libre. Ce n’est que quelques temps plus tard que les jeunes seront chassés par les parents qui pondront à nouveau. Ici, les poissons sont en couple ou en harem.
A noter le cas particulier des Discus et Uaru qui nourrissent leurs alevins durant les premiers temps avec un mucus sécrété par leur peau. Les alevins picorent leurs parents.
Les pondeurs sur substrat caché (Cichlidés, Ancistrus, Tateurndina...) Ils pondent dans une anfractuosité de roche, une noix de coco ou autre. Il y a également surveillance et accompagnement des alevins (Cichlidés) ou juste surveillance des œufs (Ancistrus).
Les pondeurs en nids de bulles : (Labyrinthidés : Betta splendens (Combattant), et gouramis : Trichogaster, Trichopsis, Colisa) :
Ici, le mâle construit un nid en enrobant des bulles d’air avec de la salive et rajoute des débris végétaux pour ancrer le tout. La femelle est invitée à pondre et les poissons s’enlacent sous l’édifice. Les œufs tombent et sont récupérés pour être soufflés dans le nid.
Les incubateurs buccaux : Les poissons pondent en couple sur un substrat mais un des parents prend les œufs en bouche et les protège ainsi. Une fois éclos, les alevins sont repris en bouche pendant une durée variable selon l’espèce au moindre danger.
Les Killies : (Cyprinodontiformes) Ces poissons n’entrent pas vraiment dans les catégories ci-dessus. Les poissons pondent quelques œufs chaque jour.
On distingue les non annuels : Cyprinodon, Fundulus et Rivulus en Amérique, ainsi qu'en Afrique et en Asie pour Aphyosemion, Aplocheilus, Epiplatys, Fundulopanchax, Lacustricola et Europe du Sud avec Aphanius
Et les annuels : Nothobranchius, Austrolebias d'Amérique du Sud, Gnatholebias, Pterolebias, Simpsonichthys et Terranatos.
Dans la nature, les annuels vivent dans des mares qui s’assèchent à la saison chaude et périssent quand il n’y a plus d’eau. Les œufs restent humidifiés mais un peu à l’air libre et éclosent à la saison des pluies suivante. Les pontes des annuels ont la particularité de pouvoir être conservées durant des mois, et même parfois des années. Pour cela, les poissons enfouissent leurs œufs dans un substrat qui maintiendra un minimum d’humidité pendant la saison sèche.
Les non annuels vivent soit dans des mares et flaques ne s’asséchant pas complètement, soit près des berges de petits ruisseaux forestiers. Les œufs n’ont donc pas besoin d’une période à sec pour éclore. Beaucoup d’œufs de ces espèces supportent aussi très bien une incubation hors de l’eau, mais ce n’est pas le cas pour toutes. L’incubation pour ces espèces dure entre 10 jours et quelques semaines. Les non annuels pondent ainsi tous les jours et les œufs éclosent au fur et à mesure.
Pour copier la nature, on utilise de la tourbe (ou de la fibre de coco broyée) que l’on place dans l’aquarium de ponte. Afin de limiter la dispersion de la tourbe dans l’aquarium, elle sera placée dans de petits récipients. Les poissons s’habituent rapidement à cet accessoire et vont y pondre.
On peut également utiliser des mops (fils de laine foncée fixés à un bouchon en liège ou simplement posés dans le fond) et récupérer les œufs tous les jours. Dans un cas comme dans l’autre, les œufs seront placés dans de la tourbe humide mais sans eau, le temps nécessaire à leur incubation.
Pour la conservation des œufs la tourbe doit avoir une humidité telle qu’elle doit présenter des particules blondes. Son acidité naturelle empêchera les œufs de moisir.
Après une première mise en eau qui a donné des naissances, la tourbe sera à nouveau asséchée car il reste des œufs en attente. Dame Nature a prévu une éventuelle période de sécheresse après une éclosion, d’où cette seconde éclosion.