A la découverte du lac Tanganyika
Pour bien nous occuper de nos pensionnaires et leur assurer santé, confort et longévité, il est indispensable de savoir d’où ils viennent, à quoi ressemble leur biotope et quelles sont leurs habitudes dans leur milieu naturel. Nous vous proposons donc une balade en Afrique à la découverte du lac tanganyika.
Le lac Tanganyika (ou Tanganika) est l'un des Grands Lacs d'Afrique, deuxième lac africain par la surface après le lac Victoria, le troisième au monde par le volume après la mer Caspienne et le lac Baïkal, le deuxième au monde par la profondeur (environ 1470 m) après le lac Baïkal, et le plus long lac d'eau douce du monde (677 km). Il contient 18 % du volume d'eaux douces de surface du monde, ce qui en fait la cinquième réserve mondiale d’eau douce. Malgré ses caractéristiques oligotrophiques (pauvres en éléments nutritifs), le lac est paradoxalement très productif en poissons (200000 t/an).
Superficie : 32 900 km². Pays : Burundi, République Démocratique du Congo, Tanzanie, Zambie.
Le lac Tanganyika est tout simplement celui qui contient le plus de poissons au monde. On n’y dénombre pas moins de 250 espèces, dont la plupart vivent le long de la côte jusqu’à environ 180 mètres de profondeur. Ces poissons partagent les lieux avec des crocodiles et des hippopotames. On estime que sa formation remonte à environ 20 millions d’années.
Le bassin drainant du lac Tanganyika couvre une superficie de 250 000 km². Les principales rivières qui l'alimentent sont la Malagarazi, la Rusizi, la Ifume, la Lufubu et la Lunangwa qui y déversent 24 km3 d’eau par an ; les pluies, quant à elles, en apportent 41 km3 par année. La Malagarazi est plus ancienne que le lac lui-même et se trouvait auparavant dans le prolongement du Congo. La totalité du volume du lac est renouvelée en 485 années.
Le lac est connu pour la limpidité exceptionnelle de ses eaux, celle-ci permettant une visibilité atteignant les 25 mètres. Elle est d'une extrême richesse minérale, et ses paramètres sont très particuliers. Sa conductivité est d'environ 609–620 µS, son pH est de 9,5 à la surface et de 8,6 à −1 300 mètres.
Le lac Tanganyika est situé dans le Rift africain Est. Les zones littorales sont caractérisées par d’énormes pentes rocheuses avec des falaises, des éboulis, des roselières, et du sable. Au cours de l’évolution s’y sont installées différentes communautés végétales. Les biotopes les plus intéressants, pour ceux qui aiment la faune riche de ce lac, se situent vers les falaises et sur le littoral à éboulis. Le sol n’y convient pas aux plantes aquatiques supérieures, et les plantes flottant librement ne peuvent non plus s’y maintenir à cause du déferlement des vagues, semblable à celui de la mer. On a donc là une faune intéressante, mais pas de plantes. Il faut, pour en trouver, aller vers les roselières et les zones sableuses, c'est-à-dire là où le mouvement de l’eau est atténué, dans les baies tranquilles par exemple, où les plantes peuvent s’ancrer.
La flore
Les conditions écologiques sont très particulières pour une zone tropicale : les valeurs de l’eau, sa grande profondeur et le déferlement des vagues provoquent une sélection bien rude. Néanmoins quelques espèces hautement spécialisées ou particulièrement résistantes et adaptables parviennent à s’y développer.
La seule plante flottante est Pistia Stratiotes (Laitue d’eau) mais on ne la trouve que dans les anses protégées des vagues. Les autres plantes parviennent à s’enraciner ou flottent librement près du fond.
Dans le Tanganyika se développe principalement Vallisneria Spiralis var. Denseserrulata. Ses habitats de prédilection sont les zones sableuses, les roselières et les zones à éboulis. Elle pousse à 50cm de profondeur (rarement aussi jusqu'à six mètres), fermement enracinée dans le sable, aussi bien entre les rochers que dans les baies de sable ouvertes dont on voit parfois les rives, après une tempête, recouvertes de feuilles arrachées en grande quantité. En comparaison des exemplaires des Vallisneria Spiralis normalement cultivées en aquarium, celle-ci a des feuilles très coriaces, sans doute à cause de la composition chimique de l’eau.
Des spécimens rapportés en aquarium ont développé des feuilles aussi tendres que les spécimens habituellement cultivés en aquariophilie, ce qui signifie que Vallisneria Spiralis possède une grande souplesse adaptative vis-à-vis de son environnement lui conférant une grande résistance.
On trouve aussi très souvent dans ce lac deux autres espèces, le Ceratophyllum Demersum (Cornille) et Myriophyllum Spicatum (Myriophylle en épi). De toutes les plantes qu’on y trouve, c’est la Cornille qui va le plus profond, jusqu'à 10 mètres, alors que le Myriophylle ne se rencontre que jusqu'à trois mètres. Toutes deux poussent souvent ensemble sans se gêner mutuellement. Elles montrent, comme la Vallisneria Spiralis des entre-noeudss courts et des tissus rigides, à la structure différente qu’en culture. Le Ceratophyllum Demersum est très compact dans la nature et ne flotte pas librement dans l’eau ou la surface mais reste près du fond où le mouvement de l’eau est faible. Leur adaptation à ces conditions de vie particulières est évidente. Les pousses installées en aquarium y reprennent leur allure habituelle, se mettant à flotter à la surface de l’eau.
D’autres espèces courantes dans le lac Tanganyika sont Potamogeton Pectinatus et Potamogeton Schweinfurthii. Ou bien ils se développent ensemble, ou bien ils forment avec les précédentes de véritables champs sous-marins. Visiblement, ils colonisent la même niche écologique : anses abritées, roselières et zones sableuses.
Sur la côte exposée, ces plantes manquent presque totalement en raison du ressac. Cependant les deux espèces vivent à une profondeur variant entre 0,5 et 4 mètres. Potamogeton Pectinatus forme des feuilles très rigides, de 1 mm de large, Potamogeton Schweinfurthii développe des tiges de 3,5 mètres de longueur, il est ainsi la plus grande espèce des lacs. Lui aussi possède des feuilles rigides et résistantes. Les feuilles des deux espèces présentent des dépôts de calcaire, dus aux valeurs extrêmes de l’eau du lac.
La découverte de Hydrilla Verticillata, dans une baie du sud du Tanganyika, a été particulièrement intéressante. Elle formait dans une zone sablonneuse de grandes colonies herbeuses, enracinées à environ 1 mètre de profondeur mais atteignant la surface. L’Hydrille verticillée est bien connue en aquariophilie, mais son apparence ici diffère de celles des plantes ordinairement cultivées sous ce nom. On peut également trouver Najas Horrida, très visible à cause de son aspect inhabituel.
On pourra également trouver Najas Marina qui est une espèce annuelle, cosmopolite, à tige raide et très ramifiée, que l’on rencontre de préférence en eau stagnante, dure et même saumâtre. Elle est d'une variabilité extrême car c’est une espèce particulièrement polymorphe selon les conditions de culture et d'environnement. La Naïade Marine, de son nom vernaculaire, est une plante annuelle qui atteint des longueurs de croissance de 10 à 50 centimètres, mas parfois beaucoup plus, jusqu'à 2 mètres. Elle a des tiges raides, fourchues et fragiles et est très difficile à maintenir en aquarium du fait de son goût pour les eaux stagnantes.
La faune
Les non-cichlidés
Parmi les non cichlidés, on retrouve quelques espèces en aquariophilie, nécessitant généralement des bacs de gros volume pour leur maintenance, tels les Mastacembelus et Macrognathus qui atteignent de belles dimensions et peuvent décimer la population d’un bac en une seule nuit. De plus, ces poissons peuvent se faufiler par le moindre interstice et on peut les retrouver bien secs sur le tapis le lendemain matin si le bac n’est pas fermé correctement ! Ce sont néanmoins des espèces attachantes et surtout fascinantes.
On comptera, pour un seul individu, 250 litres pour les espèces les plus petites et un minimum de 500 litres pour les espèces dépassant les 30 cm dans la nature.
Dans les non cichlidés, on trouve également les Synodontis qui présentent tous la particularité de cacher leurs œufs dans la ponte de cichlidés incubateurs buccaux, ce qui lui a valu le surnom de Coucou du Tanganyika.
Ils ont d’ailleurs développé des techniques pour que leurs oeufs soient pris en charge à coup sûr. Exemple avec Simochromis Diagramma : la femelle pose un œuf sur le sable, tourne autour rapidement puis le gobe et le fait fertiliser, dans sa cavité buccale, par le mâle. Idem avec un deuxième oeuf, puis un troisième, et ainsi de suite. Un rituel que Synodontis vient violemment perturber. Convaincue d’avoir affaire à un prédateur, Dame Simochromis libère l’ensemble de ses œufs qu’elle engloutit ensuite d’un coup. Une opération de quelques secondes... qui suffisent au poisson-chat pour placer quelques-uns de ses propres oeufs au milieu du « panier ». Comme son célèbre homonyme, le coucou du Tanganyika profite d’une durée d’incubation plus courte. Mais là où l’oisillon pousse les œufs de son hôte hors du nid, l’embryon de poisson s’en nourrit.
Toujours dans les non cichlidés, on trouvera Gnathonemus Longibarbis (Poisson-Eléphant), Lamprichtys Tanganicus (Killie perlé du Tanganyika), les Lacustricula qui sont des Poeciliiadés proches des killies, Polypterus Ornatipinnis (Bichir orné), Schilbe Intermedius (Poisson-chat au Beurre) et Tetraodon Mbu qui est le plus grand représentant de son espèce et peut atteindre jusqu’à 80 cm (750L minimum pour un seul individu).
Les cichlidés
Attaquons maintenant le plat de résistance, j’ai songé au départ à les présenter selon leur mode de reproduction mais ce n’est pas ce qui intéresse les aquariophiles au départ. La première question étant, pour la plupart d’entre nous : sur quel type de sol vit le poisson que j’envisage d’adopter ? Les cichlidés étant bien trop nombreux, nous n’aborderons pas les paramètres de maintenance. A vous de vous renseigner plus avant sur l’espèce que vous souhaitez maintenir.
On retrouve trois types d’habitat : les coquilles d’escargots ou de coquillages pour les poissons « conchylicoles », le sable pour les poissons « sabulicoles » et les pierres pour les poissons « pétricoles ».
Les conchylicoles
La majorité des poissons conchylicoles vivent et se reproduisent dans des coquilles de mollusques bivalves ou, plus fréquemment, dans celles de mollusques gastéropodes. Il se trouve que le lac Tanganyika est l’endroit qui abrite le plus de ces poissons dans le monde et que les espèces du lac sont endémiques.
Le genre Néolamprologus est le plus représenté chez les aquariophiles car plusieurs espèces sont de petites tailles. Ce qui permet maintenir une petite colonie dans des volumes restreints. On retrouvera le plus souvent Neolamprologus Brevis, N. Similis et N. Signatus pour lesquels on créera une plage de sable recouverte en partie de coquilles d’escargots en grande quantité. On peut également disperser quelques galets pour égayer un peu le décor. Pour reproduire les conditions naturelles, on ajoutera une pompe à flux afin d’obtenir une eau bien brassée et bien oxygénée. Attention toutefois à N. Brevis qui est un excellent sauteur, le bac devra être couvert !
Chez certaines espèces, une seule coquille aux dimensions adaptées à la taille des poissons peut suffire car seule la femelle est conchylicole, le mâle étant pétricole comme chez l’Altolamprologus Compressiceps.
Autre espèce où seules les femelles sont conchylicoles est Néoamprologus Callipterus. Le dimorphisme sexuel est impressionnant, le mâle étant 3 à 4 fois plus grand que la femelle. Ces poissons vivant en harem, Monsieur passe son temps à surveiller les coquilles de ses femelles et accessoirement, à aller subtiliser à ses voisins une coquille avec sa locataire dedans ! On peut avoir la chance d’observer ce comportement en aquarium si le volume est très important.
Les Néolamprologus les plus remarquables et probablement les plus connus en aquariophilie sont la Princesse du Burundi (Neolamprologus Brichardi) et la Princesse de Zambie (Neolamprologus Pulcher).
Ces espèces vivent en colonies et pondent sur substrat caché mais, une fois les œufs éclos, ils ont la particularité d’élever leurs alevins en grandes crèches collectives, adoptant même parfois les alevins d’autres espèces qui gravitent autour.
On se retrouve ainsi avec plusieurs générations dans ces crèches. Les différents parents et les subadultes veillent à la protection de cette multitude et parfois de façon très énergique. Avant d’envisager d’en maintenir, visitez le site de Philippe Burnel, spécialiste en la matière, section Brichardi.
Les sabulicoles
Chez les poissons sabulicoles, on retrouve principalement les genres Xenotilapia, Ophtalmotilapia, Cyathopharynx, Enantiopus et Ectodus, les deux derniers ne comptant qu’un seul représentant. La plupart sont des incubateurs buccaux et filtre le sable pour trouver leur nourriture.
Les Xenotilapia, les plus connus sont X. Nigrolabiata, X. Spilopterus, X. Kilesa et X. Papilio Tembwe que l’on retrouve en aquariophilie. On trouvera également X. Flavipinnis qui est un poisson très difficile à maintenir en raison de ses besoins côté paramètres et de son caractère qui le rend extrêmement sensible au stress.
Certains vivent en colonies, d’autres en groupes ou harems et d’autres encore, en couple.
Chez les Ophtalmotilapia, on retrouve O. Ventralis et O. Nasuta pour les plus courants. Chez ces poissons, le mâle forme un cratère surélevé puis tente d’y attirer une femelle.
Quant au genre Cyathopharynx, il ne contient qu’une seule espèce : C. Furcifer. C’est un poisson d’assez grande taille (20 cm) vivant en groupe qui a un comportement calme et n’est que peu territorial sauf en période de frai. Il est moins tendre avec ses congénères et il peut y avoir des parades d’intimidation voire de petits accrochages tant que la hiérarchie n’est pas établie.
Un peu plus petits avec environ 15 cm, les Enantiopus se trouvent le long de toutes les côtes du lac sous 2 formes. La principale est Eniantiopus Melanogenys et ne présente pas de variation chromatique, sauf Eniantiopus sp Kilesa qui diffère par une gorge jaune au lieu de noire. Si les femelles sont d’un blanc brillant, les mâles arborent une robe blanche mais leur tête est un véritable arc-en-ciel avec du bleu turquoise, violet, noir, jaune... Ces derniers creusent leur territoire dans le sable puis en assurent la défense. Incubateurs buccaux, il sera néanmoins préférable de retirer les femelles avant qu’elles ne lâchent leurs alevins car Eniantiopus n’hésite pas à manger sa propre progéniture.
Nous fermerons le chapitre des sabulicoles avec Ectodus Descampsii, seul membre du genre.
Les pétricoles
Chez les pétricoles, quasiment tous les genres sont représentés. Comme la plupart des cichlidés, presque tous sont des incubateurs buccaux, sauf Chalinochromis qui est un pondeur sur substrat meuble et Julidochromis qui pond sur substrat caché. Le sol sera idéalement sablé et abondamment fourni de roches et de galets disposés en amas formant des grottes, on veillera à laisser des plages de sable entre les roches. Beaucoup d’espèces modifient leur environnement en déplaçant le sable pour creuser leur nid et il sera préférable d’opter pour des plantes fixées sur support ou flottantes. Certaines espèces de pétricoles ne supportent carrément pas les plantes, comme certains Petrochromis et se feront une joie de les boulotter, de les arracher, voire de les détruire.
Chacune des espèces comporte des variations de couleurs selon l’endroit où ils vivent naturellement et il est bien évident que nous ne pouvons pas tous les citer. Malgré tout, certains sites tentent de les répertorier au mieux comme francecichlid, cf. fiches cichlidés.
En ce qui nous concerne, nous ne parlerons que de quelques-unes en donnant leur taille moyenne adulte ainsi le litrage nécessaire pour un nombre minimal d’individus en bac communautaire (ex. : 8-9 cm - 2/200L). Il est entendu que ces informations ne concernent que des poissons issus d’élevages, les variétés sauvages devant bénéficier de bacs aussi proches que possible de leur environnement naturel.
Et nous commencerons par les Neolamprologus qui sont des pondeurs sur substrat caché et le plus connu d’entre eux, N. Leleupi, autrement appelé Cichlidé Citron (10-12 cm – 2/200L). Dans la nature, le mâle est solitaire mais polygame allant visiter ses femelles sur leur territoire. Très agressif en période de frai, on ne maintiendra qu’un seul couple à moins que le bac ne soit très grand (6 à 800L). De plus petite taille, N. Helianthus (7-9 cm – 2/200L) vit naturellement en groupe dans son milieu naturel, il est également très agressif lors des reproductions n’hésitant pas à attaquer beaucoup plus gros que lui.
En matière d’agressivité, le genre Petrochromis n’a rien à envier aux deux précédents ne tolérant aucune incursion sur son territoire. Ces poissons deviennent carrément violents en période de frai, pouvant provoquer des échanges plutôt musclés avec leurs colocataires !
On trouve dans ce genre 6 espèces, toutes d’assez grande taille. Les deux plus petites sont P. Famula et P. Fasciolatus (15 cm - 3/1500L) et on ne mettra pas de plantes pour P. Famula.
Un peu plus grands, P. Orthognathus (17 cm – 2/2000L) et P. Ephippium (18 cm – 3/1500L), aussi agressifs que les deux premiers avec un bémol pour P. Orthognathus où l’on ne maintiendra qu’un seul mâle, compte-tenu de ce qui pourrait arriver à un concurrent direct...
Et pour finir, P. Trewavasae (18-20 cm – 3/1500L) qui est naturellement grégaire et P. Macrognathus (21 cm – 2/2000L) le plus grand du genre. A noter que, comme P. Famula, P. Trewavasae n’apprécie pas les plantes et est susceptible de les détruire.
Pour rester dans les grands formats, passons au genre Benthochromis avec B. Tricoti (18-20 cm – 2/1000L) qui est un poisson nocturne. Il est réputé difficile à maintenir et les reproductions sont fort rares (seulement 3 connues en aquarium en 2000, dans toute l’Europe). C’est un poisson grégaire qui vit en petits groupes à grande profondeur (jusqu’à 100 m) et qui est très facilement stressé en bac (apparition de bandes noires sur tout le corps). Il ne faudra pas l’associer à des poissons trop agressifs comme les Petrochromis ou les Tropheus, sinon il ne s’occupe pas de ses colocataires. Il peut mettre plusieurs mois pour afficher ses magnifiques couleurs et la température du bac devra être de 23°C car il craint la chaleur. Au-delà de 25°C, son espérance de vie est considérablement amoindrie.
Passons à une taille légèrement inférieure avec Aulonocranus Dewindti (10-15 cm – 2/400L) qui est une espèce plutôt pacifique que l’on associera à des poissons calmes. Comme la plupart des incubateurs buccaux, on veillera à prévoir assez de sable pour la création de son cratère de ponte.
Dans le genre Julidochromis, on retrouve 6 espèces ayant quasiment le même comportement. Ce sont des poissons calmes et peu agressifs, hors période de frai, pondeurs sur substrat caché (fissure, caverne...). Les Julidochromis vivent en couple et paradent à la limite de leur territoire pour intimider d’éventuels visiteurs. Les trois espèces les plus grandes sont J. Marlieri, J. Regani et J. Marksmiti (12-15 cm – 2/300L) et les plus petites sont J. Ornatus, J. Dickfeldi et J. Transcriptus (8-10 cm – 2/210L). A noter que J. Marksmithi était considéré comme une variété de J. Regani sp Kipili et a acquis son statut d’espèce à part entière en 2014, noter également que la femelle peut parfois être conchylicole.
Ressemblant à de petites sardines et nageurs de pleine eau, les Lestradea Perspicax (12-13 cm - NC/600L) ont besoin d’une grande longueur de façade, l’idéal étant 2 mètres, et d’un courant puissant. Les mâles sont plus grands que les femelles et peuvent creuser un cratère de ponte assez conséquent, n’hésitant pas à aller chercher du sable ailleurs dans le bac s’ils n’en ont pas assez.
Ils apprécient d’avoir des rivaux afin d’établir une hiérarchie, le dominant restant au centre du cratère et les autres mâles vers la périphérie selon leur rang.
Chez les femelles, le groupe est également hiérarchisé et les femelles synchronisent leur ponte afin que les éclosions aient lieu toutes en même temps. Dans l’éventualité où une femelle dominée pondrait hors période, la femelle dominante volera ses œufs et les incubera avec les siens, ayant donc en bouche des alevins de plusieurs âges. Une fois les alevins libérés par leurs mères, ils se regroupent en banc serré. Après quelques mois, il faudra séparer les mâles des femelles car les laisser reproduire trop jeunes gaspillerait une énergie normalement dédiée à leur croissance.
Dans le genre Chalinochromis, on trouve C. Bifrenatus (10-12 cm – 3/400L) que l’on peut maintenir en couple ou en groupe. Il n’est que légèrement agressif avec les espèces non ou peu territoriales mais moins tolérant avec ses congénères. Il peut très bien cohabiter avec des espèces paisibles mais défendra sa ponte avec acharnement comme tout cichlidé qui se respecte. Par contre, il n’hésite pas à harceler sa femelle qui devra avoir de nombreuses cachettes à sa disposition et ne supportant pas la présence d’un autre mâle adulte, il est fortement déconseillé de maintenir un ou plusieurs autres mâles dans le même bac. On placera la femelle quelques jours avant le mâle afin qu’elle puisse explorer le bac et trouver des endroits où se soustraire à son attention. C’est un pondeur sur substrat caché.
Ajoutons un peu de couleur avec le genre Cyprichromis et C. Coloratus (11 cm – 8/350L), appelé aussi Cypri Lavande. Ce joli poisson fuselé vit en banc hiérarchisé en dominants/dominés mais n’est pas territorial. Il est polygame et vit naturellement en harem et un ratio de 1 mâle pour 3 femelles semble idéal. La façade de l’aquarium devra faire un minimum de 1.20 m contre 1.50 m pour C. Leptosoma (10-11 cm – 8/400L). Ces deux espèces sautent quand elles sont effrayées, le bac devra impérativement être couvert.
D’une taille un peu plus modeste, Eretmodus Cyanostictus (8-9 cm – 2/200L) est un végétarien solitaire qui ne forme couple qu’en période de reproduction. Originaire du Sud du lac, le Cichlidé Clown, encore appelé Faux Gobie a besoin d’une eau très oxygénée et bien brassée. A l’inverse, au Nord du lac, on peut trouver Eretmodus Marksmithi (4-5 cm – 1/120L) qui vit naturellement sur le fond et préfère les eaux claires avec un fort courant. Tous deux sont incubateurs buccaux et défendent leur progéniture avec virulence.
Et pour terminer ce petit florilège, le genre Tropheus ! Les Tropheus habitent les zones rocheuses peu profondes couvertes d’algues et sont présent le long de toutes les côtes du lac, du nord au sud. Ils sont trapus et possèdent une bouche leur permettant de gratter les algues. Ils mesurent une douzaine de centimètres en moyenne. On n’envisagera pas moins de 500 L pour un seul couple ou petit groupe, abondamment fourni en roches empilées en amas pour permettre à chacun de posséder son territoire ou de se cacher et un fort brassage.
L’aquarium devra être entretenu avec beaucoup de rigueur car ils supportent très mal les nitrates. Ils sont plutôt faciles à nourrir étant végétariens, ils acceptent les paillettes de verdure et les apports « maison » seront les bienvenus. Les Tropheus sont sujets aux occlusions intestinales lesquelles leur sont fatales, on ne leur donnera donc pas d’aliments carnés. Pour en apprendre plus sur les Tropheus, rendez-vous sur le Site de Philippe Burnel, section Tropheus.
Les Tropheus, c’est ça !
Quelques uns sont bien connus des aquariophiles car la robe des juvéniles a fait leur succès : les Tropheus Duboisi. Celle-ci est d’un noir intense ponctué de taches blanches à bleutées. En grandissant, des marques transversales apparaissent jusqu’à la livrée des adultes : une tête bleu ardoise et un corps noir traversé par une large bande pectorale jaune. Ils mesurent 10 à 12 cm.
Dans la nature, on les trouve de 3 à 12 mètres de profondeur dans la partie nord du lac où ils se nourrissent des algues en raclant les pierres. Ce ne sont pas des locataires faciles en aquariophilie car ils sont particulièrement agressifs et les blessures qu’ils sont susceptibles d’infliger peuvent nécessiter des soins. Que ce soit un couple ou une quinzaine de jeunes individus, le bac ne fera pas moins de 500 L et la lumière sera soutenue afin de favoriser la croissance des algues.
Tropheus Moori, quant à lui, mesure une quinzaine de centimètres. Selon leur lieu d’origine, le patron de coloration peut être très différent d’une localisation à l’autre comme le montre les images suivantes :
Terminons le chapître des Tropheus avec T. Brichardi, aussi richement coloré que les autres Tropheus et tout aussi agressif avec ses congénères et les autres poissons que les précédents. Mesurant de 9 à 11 cm, il vit naturellement en petits groupes et ne tolère aucune autre espèce territoriale dans sa zone de vie. On prévoiera un bac de 800L de façon à ce que chacun puisse avoir son territoire.
-
Les raies d’eau douce
-