A la découverte du lac Malawi
Le lac aux étoiles
Un peu de géo
Le lac Malawi ou Lac Nyassa est le cinquième lac du monde avec un volume de 7775 km3. Il est long d’environ 580 km et sa largeur varie de 30 à 80 km. Sa profondeur maximale est 750 mètres et 90 % de sa surface a un minimum de 100 mètres de profondeur. Il est à cheval sur 3 états : le Malawi, la Tanzanie et le Mozambique. Bien que les îles Chiluzulu et Likoma soient situées dans les eaux territoriales du Mozambique, c'est le Malawi qui en est le propriétaire.
La température moyenne des eaux de surface varie entre 24 °C et 29 °C, alors qu’en profondeur elle reste relativement constante aux alentours de 22 °C. L'eau est également légèrement alcaline avec un pH compris entre 7,8 et 8,5.
Le Lac Malawi forme la partie méridionale du Rift Est-Africain. Il est composé d'une fosse de 500 km de long et environ 70 km de large d'orientation nord-sud bordée par d'important épaulements rocheux (jusqu'à 2 000 m d'altitude).
Un peu d'hydrau
Le lac Malawi est alimenté par le Rio Ruhuhu et alimente lui-même la Dwanga River, la Lilongwe River, la South Rukuru River, la Songwe River et autres.
Et de météo
Avec le réchauffement climatique, le Malawi fait partie des 10 pays les plus menacés par les changements à venir. On enregistre déjà plus de tempêtes, cyclones et inondations se succèdent, les événements météo violents sont fréquents. Tout cela impacte visiblement l’eau du lac et par la même, sa faune. Pour en savoir plus, regardez sur le site Geo.
La flore
A l’instar du lac Tanganyika, la flore du Malawi est très réduite et on retrouvera la même végétation dans l’un et l’autre avec les variétés Ceratophyllum Demersum, Vallisneria Spiralis Denserrulata, Myriophyllum Spicatum, Hydrilla Verticillata, Potamogetons Schweinfurthii et Pectinatus, et pour finir Pistia Stratiotes comme plante flottante dans les zones protégées. Si vous voulez plus d’informations sur la flore du lac, regardez celle du Lac Tanganyika
La faune
En dehors des poissons, on trouve Potamonautus Lirrangensis (Crabe Bleu du Malawi). Il mesure une quinzaine de centimètres, et même 20 quand les pattes sont étirées. Il est parfois vendu sous l’appellation Potomonautus Orbitospinus.
Il est possible de le maintenir en bac Malawi à la condition expresse que le bac soit parfaitement fermé car c’est un excellent grimpeur. Il est omnivore et détritivore et vit dans toutes les zones rocheuses du lac dans lequel il est largement répandu.
On trouve également une éponge : Malawispongia Echinoides. On la trouve plutôt au sud du lac, ce qui laisserait penser qu’on y trouve plus du plancton qui constitue son alimentation.
Certains aquariophiles qui en maintiennent les nourrissent avec de la nourriture pour coraux. C’est un organisme très difficile à maintenir pour différentes raisons.
Les non-cichlidés
Comme dans le Tanganyika, on trouve un membre du genre Mastacembelidés avec Mastacembelus Shiranus ou Epinette du Malawi. Les adultes peuvent atteindre une longueur d'environ 30 à 40 centimètres et il n’y a pas de dimorphisme apparent entre les deux sexes.
Les nageoires dorsale, anale et caudale sont formées en une seule et courent le long de leur dos et de leur ventre de leur tête à leur queue. Le corps a une couleur est brun clair et présente un motif marbré brun foncé. C’est un poisson timide qui peut être maintenu seul ou en groupe. Bien entendu, compte-tenu de sa taille adulte, on prévoira grand en matière d’aquarium !
Synodontis Njassae (Poisson-chat du Malawi) est également présent. C’est un poisson nocturne qui commence à s’activer à la pénombre. On n’envisagera pas moins de 500L pour cette espèce en bac communautaire. Il est vermivore et insectivore et on lui prévoira nombre de cachettes sous forme de grottes et de cavernes ainsi qu’un sol sableux pour préserver ses barbillons.
Autre poisson-chat que l’on trouve dans le lac, Chiloglanis Neumanni. A la différence du Synodontis, celui-ci a une bouche avec des lèvres modifiées en forme de ventouse. C’est un poisson d’une dizaine de centimètres qui aime les courants forts.
Amphilius Chalei est également un poisson-chat qui, quant à lui, utilise ses nageoires pelviennes comme ventouses pour se fixer.
Et pour finir, endémique du lac, Bagrus Meridionalis, un gros poisson-chat appelé communément Kampango ou Kampoyo et dont la chair, une fois fumée, est un met de luxe très recherché.
Avec une longueur moyenne d’environ 45 cm, il peut néanmoins atteindre le mètre, voire beaucoup plus. A tendance nocturne, il sort de sa grotte à la nuit tombée ou à l’aube pour se nourrir de cichlidés.
Le mâle crée un cratère de ponte où le rejoindra sa femelle qui pondra plusieurs milliers d’œufs. La surveillance du nid est conjointe. Une fois les œufs éclos, les alevins se nourrissent de leur sac vitellin et d’œufs non fécondés pondus à cet effet par la mère. Le mâle, quant à lui, leur apporte de petits invertébrés dans sa bouche.
Les jeunes resteront avec leurs parents jusqu’à ce qu’ils atteignent une taille d’environ 12 cm.
La perte est grande car les pontes des Bagrus sont victimes d’un coucou, le Bathyclarias Nyassensis. Il a été vu des nids gardés par des Bagrus presque uniquement composés d’alevins de Bathyclarias, ce qui laisse supposer que les œufs de ce dernier éclosent avant ceux des Bagrus ce qui permet à ses alevins de les consommer.
Les Bathyclarias ne sont pas les seuls à profiter du nid et des œufs du Bagrus. Il s’en trouve un particulièrement malin qui gravite toujours aux environs de ce dernier : Pseudotropheus Crabo ou Pseudotropheus Frelon.
Pour parvenir à ses fins, il change tout simplement de couleur ! Quand il arbore ses couleurs de frelon, il nettoie le corps des Bagrus en le débarrassant des parasites comme les poux (Argulus Africanus), service fort apprécié du Bagrus qui le laisse s’approcher sans crainte. Seulement voilà, pour voler les œufs ou les alevins, le frelon change de couleurs et devient très foncé et il semble que le Bagrus ne fasse pas la relation entre le P. Crabo jaune qui le nettoie et ce poisson foncé qui lui vole sa progéniture.
Néanmoins, le Crabo ne change pas toujours de robe avant de procéder à un vol et l’on peut penser que le Bagrus accepte la perte de ses œufs ou de ses alevins en échange du bénéfice amené par le déparasitage qui est plus important qu’on ne le pensait au départ.
Il existe bien d’autres espèces de non-cichlidés dans le lac mais nous nous arrêterons ici.
Les cichlidés
On estime à plus d’un millier les espèces de poissons différentes dans le lac, dont la moitié est endémique et qui inclue 350 espèces de cichlidés divisées en nombreux genres.
Les Aulonocara
Le groupe Aulonocara regroupe trois genres : Aulonocara, Lethrinops et Tramitichromis dont les ADN sont très proches ainsi que leur aspect physique. Ils mesurent en moyenne une quinzaine de centimètres.
Les Aulonocara sont porteurs de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et l’appellation « Peacock » (paon) leur étant attribuée témoigne de leur propension à les exhiber. Les mâles possèdent des couleurs très intenses alors que les femelles expriment une infinité de nuances de gris.
Au lac Malawi, les Aulonocara occupent presque tous les habitats rocheux et sablonneux entre 5 et 40m de profondeur.
Les espèces occupant les habitats sablonneux autour des rochers sont rarement territoriales. Une exception est Aulonocara Jacobfreibergi, qui défend ses cavernes.
Les Champsochromis
Le genre n’est représenté que par deux espèces, C. Caeruleus et C. Spilorhynchus.
Ce sont de grands prédateurs assez vifs, mesurant entre 30 et 35 cm et qui chassent à l’affût. Ils ne sont pas spécialement territoriaux mais peuvent se montrer agressifs à l’occasion. Comptez 2000L pour leur maintenance en couple.
Les Copadichromis
Dans leur milieu naturel, les Copadichromis vivent en grands groupes et sont insectivores. La maintenance en groupe est une solution sine qua non pour son bien-être et l’on comptera 5 individus pour 500L.
Le Fossorochromis
Unique de son genre, Fossorochromis Rostratus mesure environ 25 cm, n’est pas territorial et peut vivre en couple ou en groupe. Comptez 700L pour un trio. Il est insectivore, vermivore et planctophage mais s’il peut, il n’hésitera pas à attraper de petits poissons.
Les Haplochromis
L'espèce-type est Haplochromis Obliquidens mais le plus connu est sans doute Haplochromis Phytophagus car outre ses couleurs flamboyantes et il est facile à maintenir.
Les Labeotropheus
Deux espèces seulement pour ce genre avec L. Fuelleborni et L. Trewavasae. Etant végétariens, ce sont des haplochrominiens que l'on peut maintenir avec des Mbunas. Ils mesurent 12 cm pour le premier et 15 cm pour le second. Selon l'endroit d'où ils proviennent, les patrons de coloration diffèrent selon les localités. Autre particularité qui les rend facilement reconnaissables, ils possèdent une lèvre supérieure charnue et épaisse qui finit par ressembler à un « nez » avec l'âge.
Les Labidochromis
Le genre comprend 18 espèces dont la plus connue est, sans nul doute, le Labidochromis Caerulus et sa couleur jaune électrique. Ils sont proches des genres Pseudotropheus et Melanochromis. De l'espèce Caeruleus sont déclinées nombre de variétés dont la plupart ne sont pas encore décrites ou dont l'origine géographique n'est pas encore connue.
Les Maylandia (Metriaclima)
On les connaît également sous l'appellation Metriaclima. Les Maylandia proposent souvent un dimorphisme prononcé avec des couleurs différentes entre mâles et femelles. Exemples : M. Lombardoi avec un mâle jaune et une femelle bleue ou M. Estherae avec des mâles bleus et des femelles oranges ou roses.
Le Maylandia Callainos ressemble comme deux gouttes d'eau à l'Estherae, à ceci près qu'il ne possède pas d'ocelles sur sa nageoire dorsale. La confusion entre les deux espèces est très fréquente car les Estherae n'affichent pas toujours d'ocelles.
Les Melanochromis
Ils n'excèdent pas 12 cm et ce sont des Mbunas. Le dimorphisme peut être flagrant avec des couleurs différentes ou être quasiment absent avec un patron de coloration semblable. On trouve encore certaines de ces espèces sous le nom de Pseudotropheus.
Chez Melanochromis Auratus, le mâle est bleu sombre avec deux longues barres longitudinales plus claires. La femelle, quant à elle, est jaune avec les deux mêmes barres mais sombres.
Chez le Maingano, pas de différence notable, il est préférable d'observer les papilles génitales pour déterminer le sexe du poisson.
Plutôt présent le long des côtes tanzaniennes, Melanochromis Kazkazini mesure entre 10 et 15cm et se nourrit, en milieu naturel, de gros invertébrés et de petits poissons. Le mâle est bleu avec deux bandes longitudinales bleu électrique alors que la femelle est blanche rayée de noir avec les extrémités des nageoires anale et caudale jaunes.
Les Nimbochromis
Ils doivent leur nom aux dessins en forme de nuages qui parsèment leur corps. Ce sont des poissons de grande taille (20-25 cm) et on ne les maintiendra pas avec des espèces qu'ils puissent avaler. On les maintiendra à raison de 3 individus pour 700-800L.
Ce sont des chasseurs à l'affût qui sont même capables de faire le mort pour tromper leurs proies en se couchant sur le flanc (N. Livingstonii). Dans la nature, il est piscivore mais en aquarium, on peut le nourrir avec des crevettes ou des alevins de petites espèces. Ne pas lui donner de viande.
Les Otopharynx
Avec des tailles tournant autour d'une quinzaine de centimètres, les Otopharynx vivent en petits groupes. Ce sont des poissons peu territoriaux . Bien que le régime alimentaire des différentes espèces ne soit pas le même, en aquarium, ils sont faciles à nourrir pourvu que la nourriture soit variée et de bonne qualité (paillettes, granulés, vivant et congelé), Ils se reproduisent facilement.
Les Placidochromis
Avec une moyenne de 15 à 17 cm adulte, c'est un poisson qui vit en harem et qui est d'un naturel assez paisible. On comptera de 700 à 800L selon l'espèce pour un petit groupe de 4-5 individus.
Les Protomelas
Ce sont des espèces courantes dans le lac Malawi qui doivent leur succès en aquariophilie à leur caractère paisible. Néanmoins, ils défendent leur frai avec beaucoup d'agressivité. Ils vivent en petits groupes et sont végétariens.
Les Pseudotropheus
Les Sciaenochromis
Les quatre espèces représentées par le genre étaient autrefois confondues en une seule Sciaenochromis Ahli. Cette appellation a été utilisée commercialement pour désigner certaines spécificités (Ahli Electric Blue, Blue Ahli, etc.). La plupart des poissons désignés par cette appellation sont en réalité des Sciaenochromis Fryeri. Ce sont des poissons polygames qui vivent en harem. Ils n'apprécient pas la nourriture lyophilisée ou sèche et il est préférable de les nourrir avec du vivant ou du congelé.
Le Cyrtocara Moorii ou Dauphin bleu est une figure emblématique du Lac Malawi et on le retrouve dans beaucoup d'aquariums. Cichlidé de grande taille avec 20 cm, le mâle adulte est caractérisé par une bosse qui augmente avec l'âge. La femelle présente une bosse moins prononcée. Il vit en harem et l'on comptera un minimum de 700L pour 5 individus. C'est un poisson calme et paisible qui ne s'occupe guère de ses colocataires. Attention aux crustacés, ils font partie de son régime alimentaire.
L'Hemitilapia Oxyrhyncha est également un gros poisson de 18 à 20 cm. A l'inverse du Cyrtocara, c'est un poisson agressif et violent avec les autres poissons territoriaux et encore plus quand il a un frai à défendre. Il vit d'ordinaire en groupe hors période de reproduction.
A savoir
Les photos choisies pour cet article présentent des espèces présentant les mêmes caractéristiques que celles en milieu naturel, à part une ou deux exceptions.
Depuis un certain nombre d'années, les éleveurs du monde entier ont croisé des variétés entre elles afin d'obtenir et de fixer certains traits particuliers comme les couleurs ou les formes des nageoires. C'est particulièrement vrais pour les Aulonocara mais pas seulement. Ces modifications ont fait appel à des sélections, hybridations voire même des injections de produits chimiques et ce, dans un but uniquement mercantile.
Sachez qu'en achetant ces poissons « non naturels », vous participez et encouragez indirectement ces pratiques douteuses et discutables où le bien-être du poisson passe après le compte en banque de son éleveur.